Marie Pier Germain, 28 ans, a passé son enfance dans les casseroles. Sa mère Christiane, aujourd'hui à la tête du Groupe Germain, a ouvert le restaurant Cousin Germain alors qu'elle était enceinte de sa fille unique. «Petite, je pelais les pommes de terre avec Gérald dans les cuisines, je faisais mes devoirs avec les gens de la réception. Je me rappelle les cacahuètes écrasées sur le parquet. J'ai de beaux souvenirs.»

Le restaurant a fait des petits. Avec ses frères Jean-Yves et Richard, Christiane Germain a décidé de pousser l'aventure plus loin en ouvrant des hôtels-boutiques. Depuis, l'entreprise ne cesse de croître et possède aujourd'hui des hôtels (Germain, Alt), des copropriétés et des espaces à bureaux de Québec à Calgary.

«Ma mère m'inspire beaucoup. C'est mon modèle. J'admire sa persévérance et son engagement. Quand j'étais jeune, je l'ai vue qui se donnait à fond. Elle voulait montrer qu'il était possible pour une femme, mère de famille monoparentale de surcroît, de réussir en affaires. Elle m'a appris à donner mon 100 %.»

Marie Pier Germain a fait des études universitaires en génie mécanique - «pour prendre mes distances» - et appris cinq langues grâce à de nombreux voyages. «Après cet intermède, ça a été naturel pour moi de me joindre à l'entreprise, j'y ai toujours baigné.» Elle a piloté la construction d'un complexe regroupant hôtel, copropriétés et bureaux à Calgary. Elle travaille également avec l'équipe de marketing à l'occasion de l'ouverture des hôtels. «C'est intéressant de mener un projet de A à Z.»

La jeune femme dynamique, qui sera maman en septembre, est consciente que sa présence dans l'entreprise fait jaser. «J'ai la chance d'avoir des fonctions particulières parce que ma mère me fait confiance, admet-elle. Mais la barre est haute, je dois prouver que je suis compétente et tailler ma place. C'est une pression supplémentaire. Il faut aimer notre job parce qu'on travaille énormément.»

Son arrivée dans l'entreprise lui a permis de voir sa mère d'un oeil différent. «Elle est visionnaire et elle sait où elle s'en va. Son leadership est indéniable et elle a une bonne écoute. Quand ses employés sont découragés, elle a toujours le mot pour les rassurer. Comme elle le fait avec moi à la maison.»

Selon Christiane Germain, «tout se passe très bien» entre mère et fille au boulot. «Je la connais très bien, mais je découvre d'autres facettes de sa personnalité, comme ses aptitudes relationnelles. Notre relation est très bonne et continue de s'enrichir.»

Marie Pier et sa mère ont toujours été très proches. «Il ne s'est jamais passé une journée sans qu'on se parle, ça n'a pas changé. Je ne peux pas couper le cordon ! On trace une ligne : au bureau, Christiane est le patron ; à la maison, elle est maman. Elle n'est pas toujours bonne pour changer de chapeau, on apprend à jouer avec ça.»

Prendre la relève ? Pas dans un avenir proche, mais peut-être que le jour viendra. Il semble d'ailleurs que Marie Pier avait la graine de patron dès 8 ans ! « Haute comme trois pommes, je suis entrée dans les cuisines du restaurant les mains sur les hanches. Les employés, en pause, étaient assis sur des chaudières renversées et fumaient des cigarettes. J'ai crié : pourquoi vous pensez que ma mère vous paie ?» Cette remarque la suit encore 20 ans plus tard...