Cardio rigolo. Gym cool. Triathlète familial. Relais aquatique loufoque. Pas de doute, les centres et les autres clubs de conditionnement physique, après avoir boudé les familles, les accueillent maintenant fièrement. Objectif: faire bouger les jeunes et leurs parents. Deux groupes qui, malheureusement, ont tendance à passer trop de temps dans leur salon.

C'est bien connu, les jeunes d'aujourd'hui ne bougent pas comme avant. Sauf, peut-être, devant leur Wii. Le spectre de l'obésité (l'a-t-on assez répété!) les guette. De leur côté, les jeunes parents, souvent débordés, n'ont guère le temps de travailler leurs muscles fessiers. Or, ces tristes réalités sont peut-être chose du passé.

 

En effet, de plus en plus de centres s'ouvrent aux familles, et les invitent désormais très explicitement à venir bouger ensemble. Plusieurs Énergie Cardio, Nautilus, et YMCA de ce monde ont des programmes pour enfants. Même le Midtown, le Sporting Club du Sanctuaire, fermé aux jeunes depuis 20 ans, vient de faire un virage à 180 degrés. Du coup, la moyenne d'âge des membres a baissé de près de 10 ans, de 52 à 45 ans!

Objectif? «Donner de bonnes habitudes de vie aux jeunes, dit le directeur général François Leduc. Il y a une volonté, dans l'industrie, d'agir dans ce sens-là.»

À l'inverse, des centres qui accueillent surtout les jeunes (on pense au CEPSUM, ou au Club Les Rapides) ont réalisé que les parents, eux aussi, avaient certainement le goût (et le besoin!) de bouger. «J'en suis la preuve vivante, commente Ghislain Melançon, président du club de triathlon Les Rapides. J'ai 51 ans et depuis que j'ai des enfants, je ne fais plus rien!» L'an dernier, depuis l'ouverture de son club aux familles, il s'est toutefois repris en main, et fait désormais de la course, du spinning et de la natation.

Plusieurs centres offrent des activités sportives toutes spécifiques pour les parents: Parents nageurs, au CEPSUM, est réservé aux parents d'enfants inscrits dans une activité sportive. À l'Association sportive et communautaire Centre-Sud, l'accès à la salle d'entraînement est gratuit pour les parents d'enfants inscrits dans des activités spécifiques.

Fini, le parent assis sagement dans les gradins, à regarder son fils se défouler sur ses patins? Pour certains, oui. C'est le cas de Thierry Pejot-Charrost, dont le fils de 7 ans suit des cours de natation au CEPSUM. «Ça faisait 10 ans que je n'avais pas nagé, raconte-t-il. Je n'étais pas un nageur. Or là, je me considère comme un nageur.» Fatigué de passer une heure tous les samedis matins à observer fiston barboter, il a décidé le printemps dernier de s'inscrire, lui aussi, à la piscine, aux Parents nageurs. Du coup, il se change en même temps que son fiston, et s'entraîne presque à côté de lui à la natation. «C'est une motivation pour mon garçon. Il est très content que je me change avec lui, qu'on aille dans l'eau ensemble, plutôt que je vienne simplement le regarder durant son cours.»

Tous les parents interrogés le confirment: s'entraîner en famille, c'est plaisant, mais en plus, drôlement motivant.

«Je ne veux pas faire de mon fils un Andre Agassi; je veux juste qu'on passe du temps ensemble!» lance Dino Dafniotis, croisé sur un terrain de tennis du Midtown, au Sanctuaire, avec son fils de 11 ans, Elias, avec qui il joue deux fois par semaine (en plus de jouer deux autres soirs avec son aîné). «Ça nous donne la chance d'être ensemble, en famille. Quand mes fils jouaient au hockey, six fois par semaine, on se perdait. De cette manière, on est ensemble!»

Jacques Labelle, également croisé sur le terrain de tennis, confirme: «C'est sur que cela crée une émulation de venir en famille, dit-il. Pour nous, c'est important que nos enfants voient qu'ils ont des parents actifs. Ça les incite à bouger. Hier soir, c'est mon gars qui m'a demandé si on allait s'entraîner.»

Paul Boisvert est porte-parole de la Fédération des kinésiologues du Québec. Il voit d'un très bon oeil ce virage familial des centres sportifs. «C'est une très bonne chose. Parce que le parent devient un soutien. Or, on sait que pour faire une activité sportive de façon régulière, il faut justement du soutien», dit-il. Encore faut-il que l'activité soit commune et non pratiquée en parallèle, sinon, c'est juste une question pratique pour aménager les horaires.»

Car quand on bouge ensemble («toujours de façon ludique, il faut qu'il y ait du plaisir», précise M. Boisvert), cela «reconnecte le jeune avec son parent, et inversement, le parent avec son jeune. Cela aide à resserrer les liens.» Un bénéfice indirect non négligeable, convenons-en.

De son côté, Chantal Daigle, coordonnatrice de la formation clinique du département de kinésiologie de l'Université de Montréal, voit aussi d'un très bon oeil ce virage du monde sportif. Mais attention, nuance-t-elle, encore faut-il que les interventions sportives pour les jeunes soient les bonnes. «À 8 ans, le cardio, ça n'est peut-être pas une bonne idée», dit-elle (voir autre texte). Attention, aussi, de ne pas oublier à qui vous avez affaire. Variez toujours les activités de votre enfant, afin d'entretenir son intérêt (au moins deux ou trois différentes par année, suggère-t-elle) et surtout, surtout, misez avant tout sur le jeu. «Un enfant n'est pas un mini-adulte. Un enfant, il faut que ça joue!» D'où l'intérêt, tout simplement, d'aller jouer au loup au parc. Et de courir vraiment, oui, vous, là-bas, le parent...