Six gars. Quatre bébés. Un chalet. Au programme, de la pêche sur glace, des glissades et des barbouillages. Sans maman dans les parages. Bienvenue au monde de la paternité, tendance post 2000.

«Je crois qu'on fait partie d'une génération de nouveaux pères, lance Mathieu Cardin, qui nous a raconté cette semaine un week-end dans le bois, entre jeunes pères, au plus creux de l'hiver. Je n'aurai pas la prétention de dire qu'on est mieux, mais on est différents.»Une génération à mille lieues du portrait des pères en mal d'engagement dépeint dans L'horloge biologique de Ricardo Trogi, un film que notre jeune trentenaire et père de deux enfants qualifie par ailleurs d'«insulte» aux pères d'aujourd'hui. «On est des pères sensibles, poursuit-il. On n'a pas peur de dire qu'on aime nos enfants. Personne n'est macho. On prend nos enfants tout le temps avec nous, et on s'en occupe du mieux qu'on peut.»

La preuve, c'est que cet hiver, pour «donner un break aux mamans», il est parti avec cinq copains et leurs bambins, pour une fin de semaine dans une pourvoirie. Les enfants, âgés de 18 à 28 mois, n'ont jamais réclamé leurs mamans. «Ils n'ont pas eu le temps!»

C'est que les petits, en plus de sauter sur des lits, ont fait de la pêche sur glace, glissé sur des chambres à air, découvert les traîneaux à chiens et joué tard le soir autour du feu. «C'était trippant. On veut vraiment le refaire.»

L'expérience a été trippante d'abord pour les enfants, qui ont pu vivre un week-end de folies, hors du cadre habituel. «Tu sais comment font les mères: elles mettent de la crème solaire... Nous, on les laisse sauter sur les lits, faire le genre d'affaires que les mères ne font pas.»

Trippante aussi pour les pères. Non seulement parce qu'une fois les enfants couchés, ils se sont retrouvés entre gars pour jaser, déguster des bières locales ou jouer au hockey, mais aussi parce qu'ils ont pu se rapprocher de leurs enfants, et s'affirmer davantage dans leur rôle de père. «Quarante-huit heures sans la mère, à t'occuper de tout, leur brosser les dents, les habiller, les nourrir, vraiment tout. Tu te rends compte que, finalement, il n'y a pas de raison de ne pas te faire confiance. Tout ce que la mère fait, t'es capable de le faire aussi. À part allaiter.»

Tout, ou presque, concède-t-il en riant. «Bon, les trois fillettes de la gang n'ont pas eu de couettes ou de tresses de la fin de semaine; elles étaient toutes dépeignées, mal habillées, leurs vêtements n'allaient pas ensemble. Et on se l'est fait dire!»

Reste que quand Mathieu Cardin pense à son beau-père, qui n'a jamais changé une couche de sa vie, ni hier, ni aujourd'hui («quand il garde, c'est la grand-mère qui change les couches!»), il n'a pas de doute possible: un monde de paternité les sépare. «Pourtant, aujourd'hui, c'est quelque chose de naturel. Et c'est le fun, finalement, s'occuper des enfants!»

«Le désavantage, c'est que les mères voient les pères qui s'engagent, et elles en veulent toujours plus!» conclut-il avec un sourire...