Pendant que l'Europe se demande si des écoles devraient fermer leurs portes cet automne pour limiter la propagation de la grippe A (H1N1), la rentrée scolaire devrait avoir lieu comme prévu à la fin du mois au Québec.

Pour l'instant, il n'est pas question de fermer les écoles, affirme le directeur national de la santé publique, le Dr Alain Poirier.

 

«Selon ce qu'on sait du virus, il y aura probablement plus de désavantages à fermer les écoles et les garderies.»

L'inquiétude vient du fait que le virus se propage facilement chez les jeunes. Mais il semble aussi moins virulent dans cette catégorie de la population. Fermer les écoles n'est pas la solution, poursuit le Dr Poirier.

«Est-ce que ce sont les parents qui vont devoir s'occuper des enfants et délaisser le travail? Est-ce que ces enfants seront confinés à la maison? La réponse est non. Ces enfants vont sortir, iront au cinéma, au centre commercial, vont se retrouver en groupe et transmettre le virus.»

Le Ministère compte plutôt sur la collaboration des écoles et des parents pour recenser les cas de grippe et rappeler les règles d'hygiène comme le lavage des mains.

C'est d'ailleurs la politique qui a été appliquée en avril, lorsque les premiers cas de grippe A(H1N1) ont été signalés au Québec. Des élèves ont été contaminés au collège Charlemagne, à l'école primaire de Dollard-des-Ormeaux et au collège Saint-Bernard, à Drummondville.

Les écoles n'ont pas fermé leurs portes. Seul l'établissement de Drummondville a fermé sa section primaire pendant une journée, le temps de procéder à une désinfection.

Comme les municipalités, les hôpitaux et plusieurs entreprises, les écoles disposent d'un plan de préparation à une pandémie depuis 2006.

«Si une forte propagation de personne à personne devait survenir, des établissements d'enseignement pourraient être exceptionnellement fermés», peut-on lire dans ce plan aux lignes plutôt générales.

Une mise à jour du plan est en cours et sera prête cet automne, précise le porte-parole du ministère de l'Éducation, des Loisirs et du Sport, Pierre Noël. Mais rien n'indique pour le moment que les recommandations vont changer.

«La rentrée aura lieu comme prévu, le 27 août, indique d'ailleurs Nathalie Roberge, porte-parole de la Commission scolaire de Montréal. Nous avons un comité de pandémie en place et nous sommes toujours en lien avec les autorités de la santé publique pour évaluer la situation.»

Plutôt que la fermeture systématique des écoles, le plan québécois préconise de maintenir le plus possible les services en place, tant les services éducatifs, administratifs que de garde.

Si un trop grand nombre de travailleurs manquent à l'appel pour cause de maladie, les services essentiels devront être maintenus. Même grippées, certaines personnes pourraient devoir travailler, précise le plan.

De leur côté, les syndicats suivent également la situation de près. «Pour le moment, nous n'envisageons pas d'action particulière à la rentrée, sinon de surveiller les actions ministérielles s'il en est», indique Claude Girard, porte-parole de la Centrale des syndicats du Québec, qui représente la majorité des enseignants.

Situation différente en Europe

La situation est fort différente de l'autre côté de l'océan. La propagation de la grippe A(H1N1) préoccupe les autorités au point où certains pays songent à fermer des écoles.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment indiqué que des pays pourraient retarder la rentrée scolaire. Il revient à chaque gouvernement d'évaluer la situation qui lui est propre, selon l'ampleur de la pandémie, a signalé en entrevue Aphaluck Bhatiaseve, porte-parole de l'OMS.

En France, par exemple, les autorités pourraient hausser le degré d'alerte à 6 en septembre, ce qui pourrait entraîner des fermetures d'école.

Jusqu'à maintenant, le Québec a adopté une stratégie bien différente de celle des autres pays en ne confinant pas les personnes malades, note le Dr Karl Weiss, microbiologiste et infectiologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

«Il faut faire attention à la façon dont on est perçu. Le Canada est considéré, de l'extérieur, comme une zone chaude. Si ça se mettait à déraper, ce serait problématique», croit le Dr Weiss, qui cite notamment le risque que des citoyens canadiens soient mis en quarantaine à l'étranger.

D'ailleurs, il considère que la stratégie de communication mise en place par les autorités canadiennes et québécoises tend à banaliser la maladie. «Je tiens à le souligner. Ce n'est pas une maladie bénigne.»

Au printemps, le Mexique avait été le premier pays touché par la grippe A(H1N1). Il a aussi été le premier à confiner la population. Pendant une semaine, écoles, universités, garderies, gyms et restaurants ont fermé leurs portes pour endiguer la propagation du virus.

Par la suite, les États-Unis ont à leur tour fermé 533 écoles, obligeant plus de 330 000 élèves à faire l'école buissonnière. Le Japon a, pour sa part, fermé 4400 écoles à la mi-mai.