Lundi soir, engagée dans une sérieuse démarche journaliste inspirée de l'anthropologie participative, j'ai consacré ma soirée à un épisode des LifeClass d'Oprah Winfrey.

«Je ne suis plus le même depuis mon «ahah moment». Je suis une nouvelle personne: je veux inspirer les gens et changer le monde.» Celui qui, sur la scène du Radio City Music Hall, a livré ce retentissant aveu de rédemption est nul autre que Perez Hilton, célèbre blogueur de frasques hollywoodiennes.

Perez Hilton a fait son pain et son beurre en sortant du placard (à leur insu) des personnalités publiques, en se régalant des écarts de conduite de Lindsay Lohan, en vilipendant les moindres faits et gestes de Jennifer Aniston, et grâce à un tas d'autres «bitcheries» bien senties... Aussi efficace que redouté, c'est lui qui, le premier, a annoncé le décès de Michael Jackson.

Certains choisissent d'expier leurs péchés en passant par le confessionnal. Perez, lui, a juré devant Oprah, Deepak Chopra et les milliers de spectateurs du Oprah's LifeClass que dorénavant, il allait faire le bien.

C'est dire le pouvoir moral qu'exerce encore la reine du talk-show, un an après la fin de sa célèbre émission d'après-midi.

Certes, son réseau OWN bat de l'aile. Oprah s'est même fait taper sur les doigts, en février dernier, pour avoir supplié ses «suiveux» de regarder OWN à l'approche des sondages Nielsen. Mais elle, qui depuis une dizaine d'années flirtait avec le spirituel, verse carrément dans le mystique ces jours-ci. Et cela donne de la télé franchement bizarre, et même un peu drôle.

Au début du mois, par exemple, Oprah s'est retrouvée dans une petite ville de l'Iowa peuplée de disciples de Maharishi Mahesh Yogi, qui ne jurent que par la méditation transcendantale.

«J'ai payé à tous mes employés une formation de méditation transcendantale», a candidement déclaré la célèbre O, comme si son autorité morale allait de soi. Cette semaine, à OWN, Oprah s'offre un voyage initiatique en Inde. Elle y interroge des femmes à propos des mariages arrangés, apprend à manger un tali avec sa main droite, visite un «slum» (bidonville), fait la fête avec des stars de Bollywood et honore de sa présence le Taj Mahal.

Bien d'autres l'ont dit avant moi: Oprah a épousé la vocation de prêtresse de la culture populaire. Un destin qui s'est matérialisé par son omniprésence sur la couverture de son magazine et par le ton qu'avait pris son talk-show, les dernières années. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître qu'elle a eu un impact crucial sur le destin de millions de gens qui ne juraient que par ses leçons de vie, ses confessions et celles de tous ceux qui sont passés sur son plateau.

De passage au Convention Center de Toronto la semaine dernière, où elle offrait une «life class», Oprah a parlé de pardon à 9000 disciples au bord de l'hystérie.

Madame O est décidément passée à autre chose qu'un show de chaise d'après-midi. Son public l'a suivie. Mais vers où?