Les apports en vitamine D chez les femmes enceintes n'auraient pas d'impact sur la santé osseuse de leurs enfants, selon une étude publiée mardi alors que cette vitamine est régulièrement recommandée pour prévenir de futurs problèmes osseux chez l'enfant.

Menée par le Pr Debbie Lawlor de l'Université de Bristol sur 3960 femmes enceintes britanniques, l'étude n'a pas permis d'établir un lien significatif entre le taux de vitamine D de ces femmes pendant leur grossesse et la minéralisation osseuse de leurs enfants, mesurée à l'âge de 9 ans et 11 mois.

Le taux de vitamine D a été étudié tout au long de la grossesse, partant de son niveau le plus bas au premier trimestre pour s'élever progressivement par la suite, avec une hausse plus marquée pendant les mois d'été.

La vitamine D joue un rôle majeur dans la minéralisation osseuse en stimulant l'absorption intestinale du calcium et sa fixation dans l'os. Elle est principalement produite par le corps sous l'action des rayons ultraviolets UVB sur la peau, mais elle peut également être apportée sous une forme médicamenteuse.

En Grande-Bretagne, les autorités recommandent depuis 2008 d'apporter une supplémentation de vitamine D de 10 microgrammes par jour (400 UI/j) à toutes les femmes enceintes ou qui allaitent.

En France, les gynécologues prescrivent généralement une dose unique de 100 000 UI (unités internationales) de vitamine D au début du 7e mois pour prévenir les hypocalcémies (taux de calcium anormalement bas) chez le nouveau-né.

La Haute autorité de santé (HAS) estimait toutefois en 2005 qu«en l'absence de preuve suffisante quant à ses avantages», la vitamine D ne devait pas être systématiquement proposée à toutes les femmes enceintes mais seulement à celles qui s'exposent peu au soleil ou pour les grossesses qui se développent en hiver.

Commentant les résultats de l'étude, publiée dans la revue médicale britannique Lancet, le Pr Lawlor a estimé que les recommandations britanniques «surestimaient l'importance de la vitamine D».

«Nous pensons qu'il n'y a pas de preuve solide qu'une supplémentation en vitamine D chez les femmes enceintes puisse prévenir une teneur minérale osseuse trop faible chez leurs enfants» ajoute-t-elle.

Elle reconnaît toutefois que les autres effets possibles de la vitamine D chez les femmes enceintes n'ont pas été examinées dans l'étude britannique.

Un excès de vitamine D peut entraîner des effets indésirables rares comme des arythmies cardiaques ou des problèmes musculaires.

Selon une étude allemande publiée au début du mois dans la revue Allergy, les enfants trop exposés à la vitamine D pendant leur vie foetale pourraient avoir un risque accru de développer une allergie alimentaire..

En attendant le résultat d'essais répartis par tirage au sort, l'étude britannique suggère de limiter la prescription de vitamine D aux seuls femmes enceintes considérées comme à risques (originaires d'Afrique, des Caraïbes ou du sud asiatique ainsi qu'aux femmes obèses ou peu exposées au soleil).