Des rêveurs à leurs affaires Petit portrait de quatre entrepreneurs qui ont quitté leur emploi pour lancer leur propre entreprise.

DU SPORT AU SIROP

« J'ai grandi sur une terre où mes parents cultivaient les pommes de terre, mais j'ai choisi les communications parce que je voulais avoir un métier que les gens trouveraient cool. » Journaliste sportif à Radio-Canada à Toronto, Jean-Philippe Brière coulait des jours paisibles avec sa conjointe « dans un condo de béton » du centre-ville. Mais, chaque soir, un certain regret. « À la fin de mes journées, il ne restait rien de tangible. » Puis, il y a eu cet épisode d'Un chef à la cabane sur le travail en forêt, cette envie de construire de ses mains une vie qui lui appartiendrait, ce désir de léguer une passion et un gagne-pain à de futurs enfants. Il y a un peu plus d'un an, il a acheté la terre de son grands-père à Mont-Carmel et s'y est installé. D'ici le printemps, il prévoit entailler un millier d'arbres pour jeter les bases de son érablière. « Mon grand-père est mort [le mois] passé. J'aurais tellement aimé qu'il voie ça. »

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Jean-Philippe Brière

DE LA PUB À LA PEINTURE

« Ils pensaient que j'étais une folle finie », rigole Geneviève Phénix pour décrire la réaction de son entourage devant son changement de cap, en 2011. « Je l'étais un peu », admet-elle. Les deux pieds dans la pub, la jeune femme issue d'une famille d'artistes « faisait du fric », avait « une assurance béton » et menait une vie « jet set ». Petit hic : « quand je rentrais travailler, j'avais envie de vomir ». Exsangue, elle a choisi d'écouter son coeur, de quitter Montréal et de revenir à la source. C'est la peinture qui s'imposait. En 2014, à force de patience et avec l'aide d'organismes régionaux, elle a fondé son atelier créatif, L'heure du coucou, à Saint-Jean-sur-Richelieu, où elle habite désormais avec son conjoint. Elle peint, enseigne aux enfants, redessine le monde à son image. Le salaire est modeste ; la satisfaction, immense.

>>> Visitez le site de Geneviève Phénix

PHOTO MARIE FAUBERT, FOURNIE PAR L'HEURE DU COUCOU

Geneviève Phénix

DU MARTEAU À LA MODE

De 150 000 à 20 000 $. Marc Lessard détaille sans complexe la baisse de salaire de son nouvel avatar, Master Bougaricci. « J'étais le king de la rénovation, je suis devenu le Fred Pellerin des PME. » Avec son atelier de couture anticonformiste de Valleyfield, il habille autant les rappeurs de Dead Obies que Véronique Cloutier et Louis Morissette. Il a troqué le marteau contre la machine à coudre grâce à un homme fortuné qui a « flippé » sur sa personnalité. « J'ai saisi l'occasion ! » À sa deuxième année d'exploitation, l'entrepreneur a dû revoir son train de vie. « On n'est pas allés à La Ronde cet été, mais je suis en train de bâtir quelque chose pour mes enfants d'assez gros pour que ça profite à leurs propres enfants. » Le pourfendeur du prêt-à-jeter rêve d'un Costco Bougaricci où tout serait fabriqué sous les yeux des clients.

>>> Visitez le site de Bougaricci

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Lessard

DE LA MÉCANIQUE AU KAYAK

À 72 ans, après avoir longtemps bossé dans la mécanique automobile, la retraite de Gilles Couturier à Chicoutimi aurait pu se dessiner comme une longue et douce promenade en forêt. C'était oublier un rêve. « La nécessité est mère de l'invention », rappelle cet amateur de kayak, qui cherchait un moyen simple d'installer son embarcation sur son campeur. Incapable de trouver un élévateur adéquat sur le marché, le bricoleur a entrepris de commercialiser son propre concept, Kayak Hop, aujourd'hui à l'étape du peaufinage. « Au début, tu as la main dans l'engrenage, mais bien vite, c'est le bras au complet. » Au cours des dernières années, M. Couturier a suivi des cours de dessin industriel, de programmation et de commercialisation. Il a aussi cogné à la porte des entreprises, des bailleurs de fonds et des designers de la Vallée de l'aluminium. « Volonté, courage, passion » sont les mots qui, dit-il, guident sa deuxième vie.

>>> Visitez le site de Kayak Hop

PHOTO ROCKET LAVOIE, LE QUOITIDIEN

Gilles Couturier