J'écris ces lignes et il neige. Il neige et il neige encore. Ces flocons si jolis en décembre ou en janvier ressemblent maintenant à de la poussière grise. Et soudainement on n'a qu'une envie, c'est de partir loin, au soleil, par exemple en Grèce, dans une île toute bleue.

Dans ce temps-là, on prend le bus ou la voiture (ou le vélo, si vous y tenez) et on va dans un restaurant grec mordre dans des aubergines frites trempées dans le tzatziki avec de l'ail et de l'origan. Et on déguste le tout en sirotant un petit verre d'assyrtiko en rêvant d'être à Santorin ou quelque part dans le Péloponnèse, en juillet. Non?

C'est ce que j'ai essayé en allant au nouveau Namos, rue Bernard, dans le Mile End, nouvelle étiquette pour ce lieu jadis occupé par le Vegera.

Le Namos a un nouveau style, mais le propriétaire est le fils des prédécesseurs et l'ambiance y est plus familiale que jamais. Le soir où j'y suis passée, tout le monde semblait se connaître aux différentes tables. C'est accueillant, chaleureux. Et si la nouvelle décoration, avec ses murs de pierre, son style épuré, avec bois sombre et motifs naturels, donne un ton moderne au lieu, on demeure dans un restaurant sans prétention, qui sert une cuisine grecque traditionnelle. On n'est pas dans la réinvention. Pour cela, il faut aller chez Tasso.

Personne ne sera étonné, par exemple, de savoir qu'on a commencé le repas par une entrée de calmars rôtis à l'aneth, très tendres et généreusement enrobés d'huile d'olive, mais légèrement trop salés. Ou encore par du poulpe grillé aux câpres et aux oignons, un peu pâteux, pas aussi fondant qu'on l'aurait souhaité. Un autre incontournable des restaurants grecs? Les boulettes de viande, charnues, moelleuses, servies dans une sauce tomatée grasse et salée qui transforme le plat en fête dans la bouche. On en aurait repris.

Chez Namos, les végétariens ou du moins ceux qui aiment manger des légumes sont bien servis. On peut y déguster, par exemple, une belle assiette de pleurotes poêlés, toute simple et sans défaut avec ses gros champignons charnus légèrement sucrés. Ou alors des boulettes frites de zucchini haché à la feta qu'on trempe dans un tzatziki maison bien aillé, bien épais, juste assez aigrelet. Les salades sont aussi bien représentées, avec la salade grecque traditionnelle ainsi qu'une composition très simple à la roquette et au fromage kefalotiri, écho grec à un classique italien.

Au dessert, on nous propose le baklava traditionnel, presque cliché, mais on choisit plutôt les loukomades, des beignets servis avec de la glace à la vanille et généreusement garnis de miel. Là encore, ce plat bien connu est bien préparé, pas trop lourd et juste assez résistant sous la dent, mais sans surprise, sans note inattendue. Un peu, finalement, à l'image de tout le repas.

Est-ce cela que veut la clientèle du quartier, le Mile End, du bien fait pas trop cher, mais sans plus? Ou alors une cuisine un peu plus créative et surprenante, comme ce qu'offrent Maïs sur Saint-Laurent ou Lawrence et Herman non loin?

Mon petit doigt me dit que si Namos veut tailler sa place dans ce quartier bien garni en bons petits restaurants innovants et en grands classiques - en commençant par Milos -, il pourrait aller un peu plus loin, chercher un peu plus la nouveauté, être davantage singulier.

Oh, et en passant, il n'y avait pas de vin d'assyrtiko au verre. Juste une carte de vins courte et banale. Ça aussi, dans le Mile End, c'est un peu décevant.

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Namos

228, rue Bernard Ouest, Montréal

514 490-4222

www.namosrestaurant.com

Prix: Petits plats de type mezze entre 5 $ et 16 $. Plats plus costauds - viandes, poissons grillés - jusqu'à 25 $.

Carte de vins: Courte et sans originalité. Oui, on y retrouve du Muscadet La Sablette... Même chose côté bière.

Décor: Joli avec ses murs en pierre ou en bois, mais d'un style qu'on a beaucoup vu ces dernières années. Banquettes confortables.

Service: Gentil et efficace.

Une cuisine simple, réconfortante, dans un lieu agréable.

Manque d'originalité, de particularité.

On y retourne? Je ne crois pas.