Si vous avez un vrai repas à prendre à Granby, la question ne se pose plus: c'est à L'Impérial qu'il faut arrêter.

L'adresse ne mérite probablement pas à elle seule que l'on franchisse des dizaines de kilomètres, mais si vous êtes rendu dans la fameuse ville du zoo éponyme, il faut y aller pour goûter au plateau de charcuteries ou au risotto au homard - ou celui qui sera en saison. Car L'Impérial est un restaurant sérieux qui mérite qu'on s'y attarde.

Installé dans un centre commercial, L'Impérial est joliment aménagé, tout en bois et en noir et blanc à l'intérieur, avec une immense ardoise pour y écrire le menu et une cave à vin vitrée qui laisse voir ses plus beaux crus. Dès l'entrée, on remarque aussi un magnifique appareil italien rutilant pour couper le jambon en tranches très fines.

Sur la carte, on joue dans l'univers de la brasserie française avec des plats accessibles comme des tartares et des braisés.

Pour lancer le repas, on demande un «combo italien», soit un joli plateau de charcuteries, qui nous est apporté avec quelques morceaux - on en aurait pris plus - de melon du Québec impeccablement mûr et un peu de mostarda, marinade italienne. Du prosciutto est enroulé sur des grisins et des tranches de salami se laissent manger toutes seules pendant qu'on goûte au premier vin, jeune muscadet à prix très raisonnable (42$).

En entrée arrive ensuite une salade de chèvre et de betterave, un classique qui ne réinvente pas la roue. Le plat de pétoncles en ceviche, en revanche, nous surprend et nous contente dans un style asiatique épicé et parfumé au ponzu. Surtout que le mélange de nouilles soba et de faux spaghetti de courgettes qui accompagne le tout propose un contraste de textures intéressant.

Ceux qui préfèrent rester dans un style plus classique peuvent aussi demander l'assiette de charcuteries qui combine un substantiel morceau de foie gras au torchon avec une terrine de porc et des magrets de canard en tranches.

Finesse

Pour poursuivre le repas, nous avons opté à la fois pour des pâtes classiques, comme des buccatini aux tomates, avec pesto et ricotta, un plat simple, savoureux. Le tartare, lui, manquait de punch, de surprise, pas assez épicé. Le risotto au homard, quant à lui, était impeccable, exactement assez crémeux mais pas trop, sans être collant. Et les bons morceaux de homard du Québec juste assez cuits assuraient la présence marquée mais jamais envahissante des saveurs maritimes si typiques du crustacé. Un plat tout en finesse.

Avant le dessert, sans qu'on le demande, on a apporté à la table de magnifiques morceaux de pastèque du Québec, un fruit mûr et juteux, sucré. Une très belle attention. Et puis le fruit était coupé en morceaux parfaits, un détail éloquent.

A suivi une tarte au citron dont la croûte était malheureusement un peu trop cuite, ce qui empêchait de profiter pleinement du léger appareil acidulé. La crème brûlée, elle, était fidèle au poste, riche, sans surprise. Mes préférés: la mousse au chocolat et le pot de crème au chocolat, deux variations sur un thème sucré, crémeux, chocolaté, ponctuées de framboises... Des valeurs sûres, bien faites, préparées par l'équipe du chef François Côté avec des ingrédients de bonne qualité - crème, chocolat, fruits frais, etc.

Souvent, quand on sort des grands centres et qu'on veut fuir les chaînes et les casse-croûte médiocres, on tombe sur des restaurants qui veulent épater la galerie alors qu'aux fourneaux, c'est dommage, la technique et les produits ne sont pas à la hauteur des prétentions. L'Impérial reste certes en terrain sûr, mais prend le soin et le temps de faire les choses comme il faut. Une trouvaille.

320, boul. Leclerc O.

Granby

450-994-1922

> Prix : Midi, table d'hôte à 12 $, le soir, à 28$. À la carte, entrées entre 9$ et 23$, plats entre 16$ et 39$.

> Carte de vins : Courte mais bien intéressante, avec plusieurs bouteilles à prix très raisonnable.

> Service : Efficace et professionnel, avec quelques lenteurs toutefois.

> Décor et atmosphère : Beaucoup de bois, de noir, de blanc, de lignes droites et d'élégante simplicité. On est chez les foodies modernes de Granby, notamment de jeunes couples qui s'y retrouvent pour prendre un verre et manger une bouchée de charcuteries. Une grande terrasse donnant malheureusement sur un stationnement et de la pelouse parfaitement coupée permet de manger dehors en été. (On aurait envie de dire aux propriétaires d'en faire un potager !)

PLUS: Un restaurant où l'on sait bien cuisiner.

MOINS: On aimerait voir plus de produits très locaux au menu. Après tout, on est au coeur d'une région agricole.

On y retourne? Oui.