Il n'y a pas que les petits entrepreneurs et tous ceux qui signent les pétitions ou appuient les mouvements pro-cuisine de rue sur Facebook qui ne comprennent pas qu'en 2011, ce soit encore interdit à Montréal. Il y a aussi au moins un grand: Jean-Pierre Léger, président des Rôtisseries St-Hubert.

Léger ne tient pas à partir en campagne demain matin sur la question, mais il trouve l'opposition de l'Association des restaurateurs du Québec «rétrograde».

«Il est temps de moderniser tout ça, lance-t-il. Pourquoi pas?»

St-Hubert, explique-t-il, a même déjà un camion autonome, utilisé notamment quand une succursale est en rénovation. On gare alors le camion dans le parking du restaurant fermé, pour offrir au moins des plats à emporter aux clients.

La nourriture offerte est la même que dans le restaurant.

Gaëlle Cerf de Grumman78 croit elle aussi que le débat sur la cuisine de rue doit être fait collectivement. «On ne veut pas partir en bataille tout seuls pour faire changer le règlement.» Mais il faudra aussi poser la question: si on lève l'interdiction, à qui veut-on ouvrir la porte?

Aux grandes chaînes ou aux petits indépendants? Veut-on encourager de nouvelles formes de restauration rapide? Comment veut-on réglementer le marché?

M. Léger, lui, est prêt à apporter son appui si un regroupement de «cuisiniers de rue» se forme. «Il faudrait un dossier bien monté, sérieux», dit-il, pour ensuite aller expliquer aux autorités les bonnes raisons de changer.

Actuellement, la cuisine de rue qui gagne en popularité en Amérique du Nord est indépendante. Aux États-Unis, si des villes ont ouvert leurs portes à la street food, c'est souvent pour ouvrir les rues à autre chose qu'aux grandes chaînes omniprésentes avec leur restauration rapide. Les stands dans les pods - espaces réservés à la cuisine de rue - sont donc tous des petits commerces.

La façon d'ouvrir la rue est aussi variée. À Portland, on favorise les stands «garés» dans des espaces réservés. On a même installé des sortes de campements à cuisine de rue, aménagés pour cela, dans des quartiers presque exclusivement résidentiels. La cuisine de rue apporte donc le commerce de proximité près des résidants.

À New York, les camions circulent dans la ville. À Austin, au Texas, ils s'installent dans les parkings du centre-ville. À Ottawa ou Toronto, on aperçoit de petits stands sur les carrefours... À Los Angeles, les camions se garent dans les rues, dans les secteurs commerciaux. Bref, les modèles sont nombreux.