Quand les humains et les chiens se regardent dans les yeux, leurs niveaux d'ocytocine, l'hormone de l'amour, de la confiance et du plaisir, augmentent nettement dans leur cerveau et renforcent leurs liens, ont découvert des chercheurs japonais.

Ce mécanisme a probablement résulté de l'évolution depuis le début de la domestication du meilleur ami de l'homme qui remonte à environ 30 000 ans, selon les auteurs de ces travaux publiés jeudi dans la revue américaine Science.

Le même phénomène est connu pour consolider les liens émotionnels entre la mère et son enfant quand ils se regardent. Les chiens pourraient donc avoir développé cette réponse hormonale pour se faire adopter par les humains.

Les chercheurs, dont Takefumi Kikusui, un expert en comportement des animaux à l'Université Azabu au Japon, ont testé cette réaction chez des loups, dont les chiens descendent, et constaté que ces derniers, même élevés petits par des hommes, n'ont pas cette réponse hormonale. Cela signifie que les chiens n'en ont pas hérité, mais l'on développée au contact des humains dans le processus de domestication.

Pour cette expérience, les chercheurs ont placé des chiens dans une pièce avec leurs maîtres --30 volontaires au total, six hommes et 24 femmes-- et quelques étrangers, puis ils ont observé pendant 30 minutes tous les contacts entre eux par la parole, le toucher ou le regard.

Ils ont ensuite mesuré l'ocytocine dans l'urine des chiens et des propriétaires et ont constaté que le contact visuel entre les deux avait entraîné une nette élévation du taux de cette hormone dans leur cerveau.

Dans une seconde expérience, les chercheurs ont appliqué de l'ocytocine directement dans les narines de certains chiens et les ont mis dans une pièce avec leur propriétaire et d'autres personnes.

Au bout de 30 minutes, ils ont constaté que le taux d'ocytocine avait augmenté chez les propriétaires des chiens traités, et que ces derniers, davantage les femelles, avaient répondu au traitement hormonal en regardant plus longuement leur maître.

Une piste pour les personnes autistes?

Selon Evan MacLean et Brian Hare, chercheurs à l'Université Duke en Caroline du Nord, qui n'ont pas participé à cette recherche, les résultats des travaux japonais laissent penser que les chiens ont profité de cette sensibilité maternelle chez les humains envers leur progéniture pour susciter les mêmes sentiments d'amour à leur égard.

Étant donné que ce processus agit dans les deux sens, les chiens ont probablement fini par ressentir la même chose envers les humains.

De récentes études avec une imagerie du cerveau ont montré que quand des mères regardent des photos de leur enfant ou de leur chien, une zone cérébrale siège de l'émotion et du plaisir est activée.

Ainsi, différents aspects de notre biologie semblent être programmés pour les enfants et les chiens d'une façon remarquablement semblable, soulignent les deux chercheurs de l'Université Duke.

Les résultats de cette expérience contribuent à expliquer comment les chiens sont devenus une partie de l'histoire humaine, mais ils pourraient aussi aider à élucider les mécanismes par lesquels notre relation avec ces animaux peut être bénéfique pour notre santé.

Ils citent à titre d'exemple les effets bienfaisants de la présence de chiens chez des personnes autistes ou souffrant de trouble de stress post-traumatique pour lequel l'ocytocine est actuellement utilisée comme traitement expérimental.

Enfin, notent les chercheurs, cette étude conforterait l'idée que quand votre chien vous regarde ce c'est pas forcément parce qu'il veut que vous lui donniez une gourmandise.