Les images d'une petite fille de 14 mois jouant avec un python de quatre mètres offert par son père ont fait le tour du web et en ont fait frissonner plus d'un. Adopter un serpent comme animal de compagnie, est-ce vraiment une bonne idée? Et si on décide de le faire, comment doit-on s'y prendre? Ce sont les questions auxquelles le Dr Édouard Maccolini, vétérinaire spécialisé en animaux exotiques au Centre vétérinaire de Laval, a répondu.

Ce ne sont pas les animaux de compagnie préférés des Québécois. Le Dr Maccolini estime que 15 % de sa clientèle est composée de reptiles et que seulement la moitié sont des serpents. Ces derniers ne représenteraient pas un danger particulier pour leur propriétaire.

Si les espèces venimeuses sont strictement interdites au Québec, la plupart des serpents qu'on retrouve sont des pythons, des serpents des blés (Corn snake) et quelques boas constricteurs. «Il faut bien se renseigner avant de se procurer un tel animal. Certaines espèces peuvent devenir très grosses et ne sont plus vendues, comme les pythons indiens. Les serpents ne sont pas prélevés dans des milieux sauvages, mais viennent de fermes d'élevage», explique le Dr Maccolini.

Il faut toutefois savoir qu'un serpent qui n'est pas venimeux sera fort probablement constricteur. Il existe toutefois des espèces se nourrissant d'oeufs, de vers, de poissons ou d'amphibiens, qui n'ont pas recours à la constriction et qui ne font qu'avaler directement les proies qu'elles attrapent.

Le python royal, qui est un constricteur, fait partie des espèces les plus populaires au Québec. Il est totalement inoffensif pour l'être humain.

Quel genre de serpent est-il préférable de se procurer? «Je recommande surtout les pythons royaux et les serpents des blés. Ils vont avoir des tailles raisonnables et sont peu agressifs. Les serpents des blés sont parfaits pour les débutants, car les températures de maintien en captivité sont moins exigeantes et ils ne vont pas facilement faire d'anorexie», précise le vétérinaire.

Pas émotifs

Les serpents ne sont pas des animaux de compagnie qui demandent beaucoup d'attention. En fait, attendez-vous à vivre une relation à sens unique avec eux, car ils ne sont pas émotifs, contrairement aux chiens ou aux chats. Le plus important est de faire un contrôle régulier de leur environnement. «Les serpents requièrent un environnement parfait, que ce soit en termes de nourriture, de température, de contrôle de l'humidité et de ventilation. Environ 80 % des reptiles malades le sont à cause de mauvaises conditions de garde. La plupart des espèces vivent entre 15 et 25 ans», dit le Dr Maccolini.

L'équipement nécessaire variera selon l'espèce choisie. Un serpent désertique nécessitera une cage chauffée avec de fortes lampes. Un serpent tropical aura quant à lui besoin de plus d'éclairage et d'humidité.

Du côté de la nourriture, il faut s'attendre à nourrir son serpent toutes les deux ou trois semaines, selon son âge et sa taille, mais il faut s'assurer de lui laisser assez d'eau en tout temps. Selon l'espèce et la grosseur, un serpent peut manger les proies suivantes: souris, rat, cochon d'Inde, lapin... Le coût de la nourriture est, bien sûr, à considérer dans son budget lorsqu'on choisit le serpent comme animal domestique. Un souriceau, acheté congelé, peut valoir entre 1 $ et 2 $ en animalerie, alors qu'un gros rat peut coûter entre 6 $ et 7 $.

«On recommande de nourrir les serpents avec des proies tuées, mais surtout avec du congelé/décongelé. En industrie, elles sont tuées en CO2, ce qui est plus acceptable. Les proies vivantes ne sont pas recommandées, car ça peut être dangereux pour le serpent qui peut se faire mordre par le rat ou la souris. C'est la nature, mais ce n'est pas naturel pour un serpent de vivre dans un terrarium», explique Édouard Maccolini.

Avant d'entreprendre toute adoption, il est fortement conseillé de faire quelques lectures à propos des reptiles sur l'internet, mais surtout de discuter avec un vétérinaire spécialisé en animaux exotiques. «On se rend disponible pour faire de l'éducation et accompagner les gens dans le choix de l'animal et le maintien de sa bonne santé. De nombreuses informations erronées circulent, il faut être prudent», lance le Dr Maccolini.

Quels sont les premiers signaux alarmants qui devraient mettre la puce à l'oreille des nouveaux propriétaires? «L'anorexie. Le serpent va refuser de manger. Après deux ou trois repas sautés, ce n'est pas normal. Son état se dégrade rapidement. Il ne faut pas attendre pour aller voir un vétérinaire», précise-t-il.

Où se procurer un serpent à Montréal

Les refuges comme la SPCA ou L'Auberge Zen ont souvent des reptiles en adoption. On peut aussi en trouver dans des magasins spécialisés comme Magazoo et Reptiles concept.