Vienne, Budapest, Paris, Londres. Toutes ces villes ont accueilli leur premier «cat café» au cours des derniers mois. Montréal ne sera pas en reste puisque le Café Chat l'heureux ouvrira enfin ses portes le mois prochain sur l'avenue Duluth Est.

C'est la folie depuis une vingtaine d'années en Asie. Les «cat cafés» sont des salons de thé qui ont la particularité d'héberger des chats qui vivent librement et avec lesquels on peut interagir. Un concept né à Taïwan qui s'exporte depuis peu aux quatre coins du monde.

Alors qu'il faisait un tour du monde de trois ans, c'est en Corée du Sud que Clément Marty a découvert ce phénomène. Cet amoureux des chats a visité une quinzaine de «cat cafés» tout au long de son périple.

«Quand je suis venu m'installer à Montréal, en novembre dernier, l'idée me trottait dans la tête. Je travaillais dans la distribution de produits animaliers et je me suis renseigné sur la condition animale au Québec. J'ai décidé d'ouvrir un «cat café«mais d'en faire un grand projet social. Nous sommes à un tournant où il faut conscientiser les gens à savoir ce que c'est d'avoir un animal, mais aussi leur offrir un substitut s'ils ne peuvent se le permettre», explique le propriétaire du Café Chat l'heureux.

Il y a six mois, Clément Marty a donc contacté le MAPAQ pour savoir si son projet était réalisable à Montréal. Il a bénéficié des avancées amenées par les cafés canins, qui ont créé un précédent en matière de législation pour faire cohabiter animaux et restauration.

Après avoir mené une campagne de financement participatif et amassé 40 000$ grâce à plus de 1000 investisseurs sur le web, Clément Marty a été en mesure de dénicher le meilleur local pour accueillir son projet, mais surtout ses futurs pensionnaires à poils.

«Nous accueillerons entre 8 et 12 chats et chacun d'entre eux sera un ambassadeur d'un refuge des environs. Les deux premiers viennent de la SPCA de Valleyfield, et je vais en avoir d'autres provenant du service animalier de la Rive-Sud et de Montréal. Depuis 10 jours, je fais participer les gens sur Facebook et sur notre site internet au choix des noms des animaux», explique le propriétaire.

Si, à plus long terme, il aimerait pouvoir offrir les chats de son café en adoption, Clément Marty devra d'abord s'assurer du bon fonctionnement de son établissement. «Pour cela, il faudrait avoir un permis de refuge. Si ça arrivait, on serait les seuls au Canada à jumeler ça à un permis de restauration», précise-t-il.

Pour le moment, le propriétaire préfère se concentrer sur la réussite de l'intégration des chats dans leur café.

«On a pensé tout un aménagement avec une pièce ventilée pour les litières, les aménagements en hauteur où les chats peuvent être tranquilles. On travaille avec des vétérinaires, des zoothérapeutes et des comportementalistes félins, en collaboration avec les refuges qui nous envoient des vidéos. Puis on va leur rendre visite. On ne laisse pas place au hasard. C'est un refuge moderne», dit-il.

Clément Marty désire que le Café Chat l'heureux devienne une référence en matière de bien-être félin, dont les gens pourront s'inspirer chez eux. Le volet éducatif de l'établissement est d'ailleurs très important aux yeux du propriétaire.

«Il y a entre 25 et 35 places, aménagées sous forme d'aires de jeu. Nous avons mis sur pied un règlement: pas le droit de réveiller un chat qui dort ou de le prendre dans ses bras. Attention, vous entrez dans le royaume des chats!», explique Clément Marty, qui travaille actuellement sur une charte éthique des «cat cafés» avec la propriétaire du Café des chats à Paris et qui offrira des ateliers éducatifs dans son salon de thé.

«Je crois vraiment à tous les effets bénéfiques que les chats peuvent apporter. Un scientifique français a prouvé les bienfaits de la Ronron thérapie: la présence du chat apaise l'anxiété et le stress. En Asie, il existe des CD de musique de relaxation basée sur le ronronnement du chat, qui a un effet bénéfique sur le coeur humain», précise-t-il.

Depuis le lancement du projet, en janvier dernier, plus de 25 autres établissements sont en construction ou en cours de financement en Amérique du Nord, que ce soit à Toronto, Vancouver ou New York, où le premier «cat café» a ouvert ses portes il y a deux semaines.

Si en Asie les cafés ont un droit d'entrée de 5$, ce ne sera pas le cas au Café Chat l'heureux, qui a préféré tenir compte des coûts des soins aux chats dans le prix de ses consommations.

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Café Chat l'heureux, 172, avenue Duluth Est, Montréal.

Photothèque La Presse

Illustration du projet Café Chat l'heureux.