Les Québécois ont adopté 730 000 chats et chiens en 2013. Mais où se sont-ils procuré leur animal de compagnie? C'est ce qu'a tenté de savoir un sondage Léger réalisé dans le cadre de la Journée nationale de la stérilisation animale au Québec*.

La tendance des 10 dernières années se maintient, et les chats restent en tête de liste des compagnons des Québécois, avec 458 000 adoptions en 2013. De plus, 272 000 chiens auraient été adoptés, un chiffre en augmentation par rapport au dernier sondage mené en 2007, qui indiquait que 175 000 avaient été acquis par les Québécois cette année-là.

Mais si nos compagnons à quatre pattes se font plus nombreux dans nos foyers, seulement dans la région de Montréal, près de 50 000 animaux sont abandonnés chaque année, et on estime qu'environ un demi-million d'animaux sont délaissés et euthanasiés au Québec annuellement, selon les centres d'adoption d'animaux de compagnie du Québec.

En 2013, 29% des chats ont été adoptés dans un refuge, mais c'est seulement le cas de 5% des chiens, dont uniquement 1% à la SPA ou SPCA.

«Pour les chats, c'est une bonne amélioration, mais c'est encore peu si on compare aux États-Unis. Vingt pour cent proviennent de l'environnement et c'est encore beaucoup trop. Mon hypothèse sur le faible taux d'adoption des chiens en refuge, c'est que les gens achètent surtout de petits chiens en bas âge, alors que dans les refuges, on retrouve beaucoup de grands chiens, plus âgés. Dans le cas des chats, le gabarit reste le même. Pourtant, à la SPCA, les chiens sont évalués pour leur comportement et leur santé et ils sont de merveilleux compagnons», explique le Dr Michel Pépin, directeur général de l'Association des médecins vétérinaires du Québec.

L'achat de l'animal

Alors qu'en 2007, 15% des Québécois avaient acheté leur chat en animalerie, en 2013, ce chiffre recule à 6%. Pour les chiens, la baisse n'est que de 1%, mais les achats en boutique ne représentent que 4% des acquisitions totales l'an dernier.

«Il y a des municipalités qui vont carrément interdire la vente de chat ou de chien dans les animaleries. La vente en association avec des refuges est une avenue intéressante. Tout le monde peut y gagner», précise le Dr Pépin.

Des statistiques encourageantes si on considère qu'au Québec, plusieurs animaleries obtiennent leurs animaux d'usines à chiots, d'usines à chatons et de courtiers d'animaux qui ne se préoccupent absolument pas du pedigree, de la santé et du tempérament de l'animal. Des rapports indiquent qu'il est plus probable que les animaux provenant d'usines à chiots ou à chatons soient malades en raison d'un manque de soins vétérinaires et de mauvaises pratiques d'élevage, et qu'ils aient des troubles émotifs découlant d'un manque de socialisation et de contact humain.

Les Québécois ayant adopté un chat en 2013 ont néanmoins été 24% à le faire par l'entremise d'une connaissance contre 2% seulement à se tourner vers un éleveur spécialisé.

Adopter, puis abandonner

Parmi toutes ces statistiques, le nombre de chats errants est sans doute la plus problématique. «Comme un chat coûte moins cher, les gens s'en débarrassent plus facilement. Certaines personnes ne veulent pas adopter en refuge, car ça va leur coûter 175$ pour un animal opéré et vacciné et ils trouvent ça cher pour un chat! Ils préfèrent la portée du voisin avec un chaton qui va leur être donné. Ils ne voient pas à long terme combien l'entretien du chat va leur coûter. Il y a un réel problème de surpopulation de chats dans les refuges», explique le Dr Pépin.

Pour les chiens, 28% proviennent d'une connaissance et tout de même 22% d'un éleveur ayant une preuve d'enregistrement au Club canin canadien. Vingt pour cent des gens ont quant à eux fait appel à une personne ne pouvant fournir aucun papier d'enregistrement.

«Dès qu'on achète un chien dit «de race», il devrait venir avec des papiers. Sinon, on n'a aucune garantie que le chien ne provient pas d'une usine à chiots. Génétiquement, on augmente aussi les risques. Si on paye moins cher à l'achat, on payera la facture plus tard à cause de nombreuses maladies», explique le Dr Pépin.

Plus que jamais sur l'internet

Si 31% des personnes ont eu accès à l'information les ayant menées à l'adoption par le bouche-à-oreille, 45% l'ont fait par internet, que ce soit sur les listes de petites annonces ou d'éleveurs. Rien que sur Kijiji, on peut trouver près de 850 000 animaux à vendre!

«Si la moitié des gens vont sur internet avant de se procurer un animal de compagnie, on doit trouver un moyen de les éduquer, de les informer sur cette même plateforme», lance le directeur général de l'Association des médecins vétérinaires du Québec.

L'internet représente un immense marché impossible à contrôler. Vous pouvez y trouver de l'information pertinente, mais n'adoptez pas votre animal de compagnie en utilisant les petites annonces. Vous pourriez avoir de très mauvaises surprises! Adopter un chien ou un chat est une responsabilité, et il est de votre devoir de le faire stériliser pour lutter contre la surpopulation.

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* Le sondage Léger a été réalisé pour le compte de l'Association des médecins vétérinaires du Québec, en collaboration avec la Ville de Montréal, ANIMA-Québec, le CDMV et Royal Canin.