Votre compagnie d'assurances vous demande de faire passer un test de comportement à votre chien pour vous assurer? Vous souhaitez adopter un chiot ou un chien dans un refuge et vous voulez savoir si son tempérament collera avec votre personnalité? L'éducateur canin Jean Lessard a accepté de démystifier pour La Presse les tests de comportement.

Les tests de comportement sont largement utilisés: en cas de morsure, la Ville peut demander une évaluation par un vétérinaire, et certaines compagnies d'assurances ont une liste noire sur laquelle figurent notamment le rottweiler, le doberman et le berger allemand - et elles demandent aussi ce genre d'évaluation.

Néanmoins, sachez qu'il n'existe pas de test magique permettant de prédire l'avenir et de savoir comment votre animal se comportera une fois dans sa nouvelle maison.

«Les tests de comportement vont donner une idée du tempérament du chien, mais il s'agit seulement d'une idée de la façon d'être du chien au moment présent, dans ce lieu-là, au moment de l'évaluation. Quand on me fait évaluer des chiens pour les assurances, je le fais, mais ce n'est pas sérieux!», lance l'éducateur canin Jean Lessard.

En effet, c'est l'environnement et le mode de vie qui vont le plus modifier les comportements et le tempérament d'un chien. La génétique entre également en jeu, mais n'est pas aussi déterminante. «La génétique est plus un potentiel qui peut être développé. Si un chien de berger ne rencontre jamais de mouton ou de choses qui bougent comme des enfants, il ne développera pas son côté rassembleur de troupeau. Génétique et environnement vont de pair. Même en cas de morsure, il faut savoir si le chien a été provoqué et si ça aurait pu être évité par l'humain», explique Jean Lessard.

Certains tests peuvent pourtant éclairer les maîtres sur le comportement de leur chien. Voici ce que l'éducateur canin observe chez l'animal dans divers environnements:

> Sa capacité d'adaptation: comment réagit-il aux changements d'environnements physiques et sociaux?

> Sa capacité d'apprentissage: est-il en mesure d'apprendre malgré le changement d'environnement? Combien de temps cela lui prend-il?

> Sa sociabilité: vient-il à nous facilement?

> Son comportement exploratoire du nouvel environnement: est-ce qu'il s'inhibe, devient hyper vigilant, montre des signes de nervosité?

> Connaît-il certains signaux d'apprentissage? Sinon, est-il possible de lui enseigner quelque chose? Va-t-il faire une association rapidement?

Fini l'étiquetage

Afin de déterminer l'adoptabilité d'un chien nouvellement arrivé dans un refuge, d'autres tests sont pratiqués.

«On est obligé de les faire en refuge, pour savoir si le chien fait de la protection de ressources comme avec les jouets ou la nourriture. Lorsqu'on lui présente, par exemple, une main en plastique, le chien peut ignorer ce que c'est, et la mordre, sans que ça veuille nécessairement dire qu'il protège ses ressources. Ça ne sent pas l'humain!», explique Jean Lessard.

Un nouveau protocole d'évaluation est en ce moment étudié par certains refuges. Il vise à abolir la description des animaux par des étiquettes comme «dominant» ou «agressif». «On veut des comportements et pas des étiquettes. Quand des bénévoles qui viennent sortir les chiens le dimanche à la SPCA voient sur un enclos la mention "dominant", vous pouvez être certain que le chien ne sera pas sorti», dit l'éducateur canin.

«J'ai fait un petit sondage autour de moi en demandant: donnez-moi deux comportements qui vous viennent en tête quand vous entendez le mot "dominant". J'ai eu une centaine de réponses différentes! Je ne peux pas me fier à des étiquettes pour travailler», ajoute-t-il.

Les tests de Campbell

Mis au point par l'éthologiste américain Campbell il y a 25 ans, les tests de Campbell visent à déterminer le tempérament du chiot, en se fiant à trois types de comportements: agressif, soumis et indépendant. L'évaluation comprend cinq exercices, observant l'attraction sociale, l'aptitude à la compagnie de l'homme, la réaction à la dominance par contrainte, la réaction à la dominance sociale et la réaction à la dominance par élévation. Bref, en quelques manipulations, l'éleveur serait en mesure de vous dénicher la perle rare!

«C'est le test le plus utilisé par les éleveurs pour vendre leurs chiots. Mais il n'a aucune valeur prédictive. Il ne vaut que ce qu'il vaut ici, dans le moment présent, à l'endroit où il est fait. Un chiot peut avoir peur d'un évaluateur et pas un autre! Il y a tellement de choses qui nous échappent qu'on ne peut pas tirer de conclusion avec ce genre de test!», lance Jean Lessard.

Attention, donc, de ne pas utiliser les tests de comportement pour catégoriser votre chien, mais bien pour vous guider dans son éducation.