Grattements, rougeurs, toilettage constant, chute de poils ou frottement sur le mobilier sont autant de signes qui pourraient vous alerter. Tout comme les humains, nos compagnons à quatre pattes sont en effet sujets aux allergies. Une problématique commune si on en croit les statistiques, puisqu'un chien sur dix serait allergique. La Dre Caroline de Jaham, une des cinq allergologues pour animaux de compagnie au Québec, a répondu aux interrogations de La Presse.

Qu'elles soient saisonnières ou alimentaires, les allergies chez les animaux seraient causées par les mêmes facteurs que chez les hommes: il existe certes une prédisposition familiale et des facteurs environnementaux, mais il faut également prendre en considération que nous ne sommes pas assez exposés, dans notre jeunesse, aux différents allergènes. Notre système immunitaire étant presque vierge, il réagit donc plus fort, tout comme chez notre compagnon à quatre pattes.

Les allergies environnementales sont les plus fréquentes chez le chien (70% des cas) et concernent surtout les pollens, acariens, herbe à poux, graminées et moisissures. Le bouleau et le peuplier faux-tremble sont des allergènes également très répandus.

«Il existe une prédisposition chez certaines races de chiens. Dans la liste des 50 plus touchées, le labrador retriever arrive en tête, suivi du westy. Mais cette liste varie selon la faveur des gens, envers certaines races devenues populaires», explique la Dre Caroline de Jaham, vétérinaire spécialiste au Centre DMV.

Chez le chat, 40% des allergies sont alimentaires (contre 30% chez le chien).

«Une étude a montré qu'au cours des dernières années, le boeuf, le blé et les produits laitiers sont devenus les allergènes les plus fréquents», ajoute l'allergologue.

Les chiens ou les chats ne sont pas allergiques au boeuf en tant que tel, mais développent une allergie à ce qu'ils vont manger le plus souvent en grande quantité.

Éviter les allergies?

Il est impossible d'éviter ces allergies alimentaires. Le problème remonte souvent à l'intégrité du système digestif en bas âge. Il faut ainsi réduire les risques de gastroentérite et bien vermifuger son animal. Bref, éliminer tout ce qui pourrait altérer la barrière intestinale et ainsi laisser pénétrer les allergènes, causant l'apparition d'allergies.

Dans le cas d'allergies environnementales, les allergènes pénètrent par la peau de l'animal en traversent la barrière cutanée, contrairement à l'homme, où ils passent par le système respiratoire. Plus la barrière cutanée est en bonne condition, plus elle sera efficace pour empêcher les allergènes de pénétrer.

Une nourriture de qualité contenant des acides gras essentiels aidera à la renforcer, tout comme un shampoing qui n'agressera pas trop la peau de votre animal.

Identifier les allergènes

Les symptômes des allergies sont principalement cutanés, c'est-à-dire des rougeurs et des démangeaisons à des endroits précis: peau, pattes et oreilles.

Chez le chat, les symptômes sont légèrement différents: le toilettage devient excessif et Minou s'arrache le poil allègrement. Dès que vous décelez ces symptômes, il est important de consulter votre vétérinaire pour qu'il examine la peau de votre animal. Il existe des tests sanguins, qui sont toutefois beaucoup moins fiables.

«Quand on détecte un cas d'allergie chez l'animal, on commence par modifier son alimentation en faisant des diètes restrictives d'élimination, puis on utilise des produits topiques adaptés à la situation, comme des shampoings qui renforcent la barrière cutanée. Si ce n'est pas suffisant, on recommande de faire un test par voie percutanée pour identifier précisément quels sont les allergènes auxquels l'animal est sensible», précise la Dre de Jaham.

Un test qui vous coûtera tout de même environ 360$. Sachez également que, comme toute consultation chez un spécialiste, il faudra débourser près de 145$.

Guérir

L'immunothérapie, ou plus communément la désensibilisation, est une solution efficace (environ six mois), mais aussi peu coûteuse, contrairement à ce qu'on pourrait penser. «Elle consiste à injecter une dose préprogrammée d'allergène auquel l'animal réagit. Cette technique fonctionne dans 70 à 80% des cas. On apprend aux gens à faire les injections sous-cutanées et le traitement coûte entre 22$ et 30$ par mois, selon le poids de votre compagnon», explique l'allergologue.

Il existe bien entendu des médicaments comme les antihistaminiques (les mêmes que pour les symptômes respiratoires chez les humains) ou des immunorégulateurs comme la Ciclosporine. Mais ces derniers coûtent plusieurs centaines de dollars par mois.

«La cortisone est aussi utilisée de manière ponctuelle, car elle cause de nombreux problèmes connexes», conclut-elle. Si les allergies ne peuvent disparaître complètement, elles peuvent être traitées. Identifier l'allergène reste la clé du succès pour les combattre et ainsi offrir une meilleure qualité de vie à votre animal.