Winston a échappé à la mort pour se retrouver au paradis des porcelets. Le petit cochon rose retrouvé cet été le long d'un boulevard achalandé du quartier de Queens, à New York, compte parmi les centaines d'animaux - y compris des vaches, des moutons, des chèvres et des poulets - qui ont apparemment réussi à s'enfuir, au cours des dernières années, du nombre croissant d'abattoirs urbains que compte la métropole américaine.

Ceux qui réussissent à prendre la fuite sont habituellement transférés vers un sanctuaire animal au nord de la ville, où ils pourront écouler des jours tranquilles sans craindre de se retrouver dans une marmite.

«(Les animaux) qui arrivent ici ne sont pas tous gentils, a prévenu Susie Coston, la directrice de Farm Sanctuary, un organisme qui a accueilli depuis dix ans plus de 500 animaux d'élevage provenant de la ville. Ils connaissent l'odeur du sang et ils ont peur et ils sont très nerveux. Ils veulent constamment s'enfuir.»

Le cas de Winston, qui doit son nom aux lecteurs d'un journal qui se sont intéressés à son sort, n'est pas rare. Le porcelet était apparemment en fuite depuis plusieurs jours quand il a finalement été rattrapé, dans un secteur de la ville où l'on retrouve plusieurs boucheries qui offrent l'abattage d'animaux vivants à leurs clients.

Il a été envoyé au sanctuaire de Watkins Glen, une ferme de 175 acres où il peut s'amuser.

«Winston va vraiment très bien, a dit Mme Coston. (Il passe) ses nuits à se rouler dans la terre et dans la boue avec son meilleur ami Ruby, un porcelet qui est récemment tombé d'un camion de transport.»

Les autres résidants du sanctuaire incluent Maxine, une vache rattrapée dans Queens il y a six ans au terme d'une poursuite policière. Une étiquette d'oreille révèle qu'elle était destinée à l'abattage, tout comme un agneau retrouvé dans le South Bronx et une chèvre secourue à une intersection achalandée de Brooklyn.

Pendant la seule dernière année, les agents new-yorkais de contrôle des animaux ont dû rattraper plus d'une centaine de poulets, 27 canards, trois chèvres et un porc.

On retrouve à New York près de 90 boucheries où les animaux sont abattus sur place, soit deux fois plus qu'il y a 20 ans en raison de l'arrivée d'immigrants habitués à consommer des viandes fraîchement préparées. Les animaux - qu'il s'agisse d'oiseaux, de chèvres ou de moutons - sont abattus et éviscérés sur place, à la vitesse de l'éclair et en respect avec les pratiques halal ou casher.

Les New-Yorkais qui aperçoivent un animal en fuite appellent les autorités, qui les rattrapent et les envoient vers un sanctuaire temporaire avant de les transférer vers un de la demi-douzaine de sanctuaires privés que compte l'État.

«Nous travaillons très fort pour que les animaux soient placés dans un endroit où ils pourront finir leurs jours en paix», a dit le porte-parole de Animal Care & Control of NYC, Richard Gentles.

Photo AP