Il s'appelle Maho. À 4 ans, le caniche royal couleur abricot d'Annie Mathieu est la mascotte du Centre François-Michelle, qui accueille des élèves de 4 à 21 ans ayant une légère déficience intellectuelle avec des troubles associés (moteur, langage, perception, comportement). Depuis l'âge de 10 mois, il vient régulièrement dans l'établissement où sa maîtresse est comptable. Et il est peu à peu devenu un support pédagogique indispensable pour les enseignants qui n'hésitent pas à faire appel à lui plusieurs fois par semaine dans leur salle de classe en tant qu'«assistant». Aujourd'hui, il figure même sur la photo de groupe du corps enseignant. Une belle histoire qui a commencé un peu par hasard.

«Je l'avais fait garder par une de mes amies qui enseigne à l'école et dont le fils venait de perdre son chien, explique Annie Mathieu. Elle avait déjà fait des projets avec Zoothérapie Québec et elle connaissait le tempérament des chiens qu'ils utilisent. Elle a trouvé que Maho était le chien idéal en le voyant agir avec son petit garçon de 3 ans. Elle m'a demandé si j'accepterais qu'elle l'emmène dans sa classe.»

Une question d'intégration

Après avoir fait valider son projet de faire participer Maho à son enseignement par la direction de l'école François-Michelle, le chien a été évalué par un comportementaliste canin et il a reçu son certificat de bon tempérament.

«Il a été évalué en situation de stress, de bruit, en présence d'enfants, d'étrangers, d'objets, etc. Il peut y avoir 12 enfants qui lui tirent les oreilles, et il n'y a aucun problème!», précise la propriétaire de Maho.

«Maintenant, il a même son horaire de classe affiché à mon bureau. C'est sur une base volontaire, les enseignants qui aiment plus les chiens l'intègrent dans leur classe», ajoute-t-elle.

Bien qu'il soit un support pédagogique formidable, Maho n'est toutefois pas zoothérapeute. Il assiste les enseignants qui le désirent, comme Lucie Legris, enseignante dans une classe d'élèves de 11-12 ans pour qui il est une courroie de transmission et de communication très efficace avec ses élèves. Avant Maho, elle utilisait déjà un autre chien en classe, un labrador MIRA qui l'a accompagnée en classe pendant un an.

«Maho vient avec moi deux fois par semaine. Les jeunes avec qui je travaille doivent apprendre à être attentifs même quand il circule. Souvent, je fais passer mes messages par Maho, qui est un peu mon assistant. Si je vois qu'un jeune n'a pas fait les efforts nécessaires, je fais arrêter Maho à sa hauteur, il pose les deux pattes sur son bureau et je lui demande ce qu'il en pense», explique Mme Legris.

Une aide pédagogique à plusieurs niveaux

L'arrivée de Maho a également été un prétexte à faire chercher les jeunes sur la race du chien, ses besoins, son langage corporel et les règles à respecter en sa présence pour assurer son bien-être; une bonne façon de développer leur attention et leur concentration.

«Ils ont à tour de rôle un temps privilégié avec Maho, pour le brosser ou le flatter. Ils lui font des confidences, lui montrent leur travail. Il y a des jeunes qui ont peur, mais ils finissent par l'apprivoiser», précise Lucie Legris qui a intégré Maho à sa classe une deuxième journée par semaine afin que ses élèves puissent jouer avec lui.

«Quand on apprend à lire, on ne le fait pas comme dans une classe régulière. On passe par d'autres entrées et Maho en est une extraordinaire! Ce sont des jeunes qui ont de la difficulté à entrer en relation. Avec Maho, ça se fait tout de suite. Le chien ne les juge pas et le lien affectif est très fort entre les élèves et lui», explique l'enseignante.

Une ressource pour tous les âges

Maho est aussi utilisé avec des enfants beaucoup plus jeunes. Caroline Ducharme enseigne à des élèves de 5-6 ans et apprécie tout particulièrement ce que le chien lui permet de faire avec sa classe.

«Pour la sécurité des enfants, je suis toujours accompagnée de mon éducatrice Jessica Vasquez pour mieux les encadrer. Chaque année, on prend le pouls de notre groupe. L'an dernier, on utilisait le chien surtout pour que les enfants dépensent de l'énergie au gymnase. Cette année, on l'utilise davantage pour travailler sur leur attitude en classe. Maho aime le calme, ce qui incite les enfants à rester sage», dit-elle.

Caroline Ducharme constate aussi que, grâce à Maho, le niveau de langage et la spontanéité de ses élèves s'améliorent.

«Ils comprennent qu'ils doivent faire comme Maho, se brosser les dents, s'habiller seul... ils ont un désir d'autonomie plus grand!», s'exclame-t-elle.

Maho permet aussi de créer des liens sociaux entre les enfants de tous âges et les enseignants qui partagent tous leur passion pour le caniche royal le plus populaire de l'école.

Photo fournie par le Centre François-Michelle