Si 45% des foyers québécois ont un animal de compagnie, ils ne le gardent en moyenne que 7,5 ans; un chiffre bas quand on sait qu'un chat ou un chien a une espérance de vie d'au moins 12 ans. Ainsi, chaque année, près de 575 000 animaux domestiques sont abandonnés en Amérique du Nord. Quelque 80% des animaux abandonnés seront d'ailleurs euthanasiés, faute d'avoir été adoptés.

Lancé en mai 2008 à l'initiative du CAACQ (Centres d'adoption d'animaux de Compagnie du Québec), un regroupement de quatre refuges québécois (Animatch, Rosie Animal Adoption, La pension du jardin secret et la SPCA Laurentides Labelle), la French Connection permet le transfert de chiens sans foyers vers les services animaliers de Toronto Sud et d'autres partenaires ontariens. Ainsi, toutes les deux semaines et demie arrive à Toronto un camion en provenance du Québec avec une cargaison très spéciale: des chiens, abandonnés au Québec, à la recherche d'un nouveau foyer.

«On a commencé à penser à French Connection à la demande de nos membres qui nous disaient que leurs refuges débordaient. Au même moment, on a fait la rencontre d'un certain James McLean, et c'est par lui que tout a commencé. Le TAS (Toronto Animal Services) a quatre succursales, mais nous ne faisons affaires qu'avec celle du Sud. En Ontario, il existe des refuges spécialisés par races (chiens hypoallergènes, Jack Russel, etc.) avec qui on travaille, mais le gros des transferts se fait avec le TAS (géré par la ville) et THS (Toronto Human Society, équivalant à la SPCA). Sur 1000 chiens envoyés depuis 2008, peut-être seulement 25 ont été euthanasiés, tous les autres ont été adoptés», explique Johanne Tassé, fondatrice et présidente du CAACQ.

Les transferts peuvent ainsi se faire de Montréal ou de Val-d'Or et coûtent, au CAACQ, 450$. «Le camion quitte Val-d'Or à 23h et il arrive à 8h le matin. Auparavant, j'envoie à Toronto la liste de chiens offerts et ils m'indiquent ceux qu'ils veulent recevoir», précise Mme Tassé.

Une question culturelle?

D'après Johanne Tassé, le problème de l'abandon est avant tout culturel: les Québécois seraient moins près de leurs animaux domestiques. De plus, en Ontario, l'adoption serait particulièrement en vogue.

«Au Québec, l'abandon n'est plus cyclique, c'est 12 mois par année!», s'exclame Johanne Tassé.

«Les chiens en provenance des refuges sont en forte demande à Toronto. Nous avons même reçu des plaintes de la part du public disant que notre sélection de chiens pour l'adoption n'était pas assez grande. Travailler avec Johanne nous permet de satisfaire cette forte demande du public et de sauver la vie de ces chiens», ajoute Mary Lou Leiher, directrice du Toronto Animal Services.

Une solution à court terme

Si la French Connection est une solution efficace, elle n'en est pas moins temporaire.

La stérilisation des animaux et l'adoption en refuges restent deux habitudes que les Québécois devraient adopter. En effet, 78% des chiens envoyés en Ontario ne sont pas stérilisés.

«L'achat en animalerie ou sur l'internet fait partie du problème. Si les gens veulent accueillir un oiseau, un lapin, un chat ou un chien, ils doivent considérer d'emblée l'adoption et changer leur perception vis-à-vis des refuges. La ville de Toronto n'a pas interdit la vente d'animaux, mais elle a régularisé la source des chats et des chiens. Vous pouvez placer des animaux dans vos boutiques, mais ils doivent provenir de refuges», conclut la fondatrice du CAACQ.