Quand vient le temps de choisir des fonds communs, il y a tellement d'informations disponibles que l'on y perd son latin. Pour choisir un produit, certains critères de base sont toutefois à considérer. Voici des conseils de quatre experts.

1- Établissez d'abord votre profil d'investisseur

Quel est votre niveau de tolérance au risque?

Si une perte de 1% de rendement vous empêche de dormir, votre niveau de tolérance est très bas et vous êtes conservateur. Il faut en tenir compte dans vos choix de produits de placements.

Outre la tolérance au risque, d'autres critères entrent en ligne de compte.

Vos objectifs et votre horizon de placement sont très importants.

Que voulez-vous faire avec cet argent, et dans combien de temps?

Ce que la somme placée représente à vos yeux, en proportion de vos ressources financières, influence vos choix de placements.

«Il ne faut pas prendre la décision en fonction d'un produit parce qu'il est populaire ou qu'une connaissance nous l'a conseillé, mais en fonction de son profil et de ses besoins», dit Marie-Claude Savard, planificatrice financière chez Groupe Savard et associés.

2- Le rendement d'un fonds n'est pas le critère le plus important

Il faut regarder le rendement d'un fonds en tenant compte du risque pris pour obtenir ce rendement, explique Raphaël Hénault, planificateur financier et fiscaliste au Fonds des professionnels. On oublie souvent cette partie de l'équation!

«Ce n'est pas parce qu'un fonds a fait 15% qu'il serait bon pour vous, dit Stéphane Langlois, président de BLC Services Financiers et président du Conseil des fonds d'investissement du Québec. Il pourrait avoir pris beaucoup plus de risque pour obtenir ces 15% qu'un autre fonds qui a obtenu 8%.»

Le rendement ajusté au risque devrait donc être un critère décisif dans le processus de sélection, explique Jean-René Ouellet, analyste principal, Groupe-conseil portefeuilles chez Valeurs mobilières Desjardins.

Pour ce faire, M. Ouellet privilégie le ratio de Sharpe, une unité de mesure du risque par rapport au rendement qui permet de comparer les fonds.

3- Ne choisissez pas en fonction des étoiles Morningstar

La firme Morningstar évalue le rendement des fonds en leur attribuant des étoiles. Mais on aurait tort de se baser uniquement sur cette cote, disent nos experts.

«Vous pouvez très bien avoir un fonds qui est dans un premier quartile parce qu'il a bien fait, dit Raphaël Hénault, mais cela ne veut pas dire que c'est le bon secteur pour investir présentement.»

Il faut voir au-delà de la performance récente. Par exemple, il est possible qu'un fonds de métaux précieux se situe dans le premier quartile, mais que ce ne soit pas un bon choix d'investir dans les métaux précieux à une période donnée.

4- Conservez une vue d'ensemble sur votre portefeuille

Il ne suffit pas d'établir son profil d'investisseur au départ. Il faut faire un suivi chaque année et réévaluer son pourcentage en actions pour savoir si cela correspond toujours à ses besoins, dit Richard Hénault.

«Parfois on choisit un fonds en fonction du profil, mais avec le temps, on accumule d'autres fonds et on ne sait plus si l'ensemble de notre portefeuille respecte encore notre profil, dit-il. C'est la responsabilité du conseiller financier de faire le point, mais aussi celle du client.»

Prenez aussi gare à trop de diversification. «Les gens qui prennent un bon fonds équilibré n'ont pas besoin d'en avoir sept ou huit, dit-il. Les titres finissent par se recouper, ce qui n'apporte rien au portefeuille, complique les choses et rend le suivi plus difficile.»

Selon Stéphane Langlois, pour des investissements inférieurs à 15 000$, il n'est pas nécessaire d'avoir plusieurs fonds. On peut choisir un fonds déjà diversifié, qui contient différentes catégories d'actifs.

5- Incidence fiscale, frais de gestion et frais de sortie

Autre point à considérer: l'impact de vos revenus de placements s'ils ne sont pas dans un REER. «Certains fonds sont fiscalement avantageux par rapport à d'autres», dit Stéphane Langlois.

Comment s'y retrouver? Faites-vous conseiller par un professionnel, recommande-t-il.

«Il existe plus de 4000 fonds communs sur le marché. Pour choisir l'agencement de fonds qui convient le mieux à vos objectifs, mieux vaut consulter un spécialiste.»

Par ailleurs, il faut tenir compte de l'impact à long terme des frais de gestion inhérents aux fonds communs, surtout lorsque les rendements sont bas. Sans oublier les frais de sortie! «Dans certains cas, on peut négocier des frais d'entrée quand on choisit un fonds, et dans ce cas il n'y aura pas de frais de sortie si l'on décide de changer de famille de fonds.»

6- Choisissez un gestionnaire de fonds de confiance

«C'est très important de choisir un gestionnaire de fonds qui a une bonne équipe de gestion derrière lui, dit Marie-Claude Savard. Le plus important à considérer, ce ne sont pas tant les rendements d'un gestionnaire que le fait qu'il reste fidèle aux mandats énoncés dans son prospectus.»

De plus, on doit s'assurer de choisir des familles de fonds solides, avec suffisamment d'actifs à l'intérieur, indique Jean-René Ouellet.

«Généralement, mieux vaut choisir des familles de fonds qui ont 100 millions d'actifs et plus. Et pour éviter les Norbourg, il faut travailler avec des institutions connues», dit-il.