Quelque 80 000 enfants entrent ces jours-ci à l'école pour la toute première fois, en maternelle. De ce nombre, malheureusement, près du tiers ne sont probablement pas prêts.

L'an dernier, la Direction de la santé publique de Montréal en a fait sursauter plus d'un avec cette statistique: un enfant sur trois au Québec entre en maternelle mal préparé. Or, qui dit vulnérabilité, en maternelle, dit souvent retards importants, voire décrochage, à plus long terme.

 

Une étude américaine réalisée par le National Center for Early Development and Learning conclut quant à elle que la moitié des enfants vivent des difficultés en entrant en maternelle.

Qu'entend-on, exactement, par «mal préparés»? Une lacune dans l'un ou l'autre des champs suivants: l'éveil à l'écrit, à la logique mathématique, mais aussi les habiletés sociales et l'autonomie.

Car, et c'est souvent une surprise pour bien des parents, être prêt pour l'école, ce n'est pas que savoir compter jusqu'à 100, ou connaître par coeur son alphabet. «C'est aussi savoir développer des amitiés, son autonomie, aller aux toilettes tout seul», explique Marie Charbonniaud, auteure d'un tout nouveau livre sur la question publié aux éditions du CHU Sainte-Justine: Préparer son enfant à l'école.

Deux grandes tendances se dessinent, note-t-elle: d'une part, malheureusement, bien des enfants arrivent sous-préparés en maternelle. «Et c'est très souvent lié à un milieu de vie défavorisé, dit-elle. Des environnements où le livre, par exemple, n'a pas de place...» D'autres enfants arrivent au contraire «surpréparés» académiquement (des enfants gavés de jeux pédagogiques et d'activités surstimulantes), mais mal outillés socialement. «Mon objectif, c'est d'aider les parents à cibler le juste milieu.»

Comment faire? Tout en donnant une place importante au livre et à la lecture, on doit penser à stimuler la sociabilité de son enfant. «Du coup, tout le travail est fait», résume l'auteure.

L'essentiel, poursuit-elle, c'est d'avoir une attitude positive face à l'école. Elle consacre d'ailleurs tout un chapitre à cette question. Évidence? Une enquête longitudinale américaine révèle que de 25 à 35% des enfants ont des attitudes mitigées, voire négatives face à l'école, après seulement deux mois de maternelle! Évitez donc les commentaires lourds de sens, du genre «tu vas voir, à l'école, tu ne pourras plus ci», ou encore, «en maternelle, il va falloir faire ça».

Un dernier conseil, pour partir l'année du bon pied? Développez le sentiment d'appartenance de votre enfant à l'école (engagez-vous, inscrivez-le à une activité parascolaire qu'il aime, invitez ses amis), pour qu'il aime y aller, conclut-elle. «L'affectif et le social sont tout aussi importants que les chiffres et les lettres. Car les amis, c'est ça qui donne envie d'aller à l'école.»