Il y a quelques années, les fromageries artisanales du Québec lorgnaient vers le Sud. Les États-Unis étaient un marché attirant pour les petits artisans qui voulaient faire voyager leurs fromages. Avec la récession, le marché américain est plus difficile à conquérir. D'autant plus que, depuis quelques années, les fromagers américains proposent eux aussi des produits fins de très haute qualité.

Les distributeurs québécois regardent maintenant vers l'Ouest canadien, où les bonnes tables et les boutiques fines se multiplient. Et où il n'y a pas l'obstacle des douanes et du taux de change. «C'est un très beau marché, l'Ouest canadien, dit Nancy Portelance, distributrice des Fromages de pays. Les fromages québécois ont déjà une excellente réputation dans tout le pays.» Ils se sont illustrés lors du dernier Grand prix des fromages canadiens, où le Kénogami de la fromagerie Lehmann, du Lac-Saint-Jean, a raflé le premier prix toutes catégories.

 

Peu de fromageries artisanales avaient toutefois en main un permis fédéral, essentiel pour vendre ses produits hors Québec. La fromagerie La Station en a un depuis quelques années; la fromagerie de l'Isle-aux-Grues, qui fait le populaire Riopelle de l'Isle, aussi. Mais ce sont des exceptions... jusqu'à maintenant: après la crise de la listériose, quelques petites fromageries du Québec ont décidé de demander un permis fédéral pour ne plus devoir composer avec les inspecteurs du ministère québécois de l'Agriculture. Du coup, ils obtiennent le droit de vendre leurs fromages partout au Canada. Pour les distributeurs québécois, c'est une belle occasion de proposer aux futurs clients canadiens un plateau diversifié.