L'Italien Borletti, repreneur du groupe Le Printemps en 2006, pourrait acquérir la maison de couture Christian Lacroix, en redressement judiciaire depuis juin, son offre étant jugée la plus sérieuse des trois reçues lundi par l'administrateur judiciaire chargé du dossier.

Le cabinet de conseil Bernard Krief Consulting (BKC), qui avait fait savoir qu'il serait candidat, a déposé une offre «insatisfaisante et décevante» tant sur le plan financier que social, a-t-on indiqué au cabinet de l'administrateur Régis Valliot. BKC a déclaré lundi qu'il n'excluait pas de s'allier avec Borletti pour reprendre la maison de couture.Par ailleurs, «deux inconnus qui n'ont pas de projet» ont fait une offre «pour un euro» jugée «inconsistante».

L'offre «émanant du groupe Borletti, associé à M. Christian Lacroix lui-même» à travers sa société personnelle XCLX, est «une pré-offre qui reste à parfaire» d'ici à la fin août, mais elle est «engageante», a déclaré M. Valliot à l'AFP. «C'est celle qui est jugée la plus sérieuse», a indiqué une de ses collaboratrices.

L'homme d'affaires italien, Maurizio Borletti, est actionnaire à 4% de la chaîne italienne de grands magasins La Rinascente dont il préside le conseil d'administration, et a acquis en 2006, avec une filiale de la Deutsche Bank, les 17 magasins du groupe Le Printemps (groupe PPR).

Dans un communiqué, le groupe Borletti, société d'investissement contrôlée par Maurizio Borletti, a précisé que son offre «maintiendrait la haute couture et les licences, tout en visant à reconstruire un prêt-à-porter de qualité». «La marque Christian Lacroix serait préservée sans dénaturer son périmètre», ajoute le texte.

Les repreneurs potentiels avaient jusqu'à lundi pour déposer leurs dossiers. La décision finale du tribunal de commerce de Paris est attendue en septembre. Il devrait décider mardi matin le maintien de la période d'observation de six mois décidée début juin.

Créée en 1987 avec l'appui du numéro un mondial du luxe LVMH qui l'a vendue en 2005 au groupe américain Falic, spécialisé dans le duty free, la maison Christian Lacroix a enregistré en 2008 dix millions d'euros de pertes pour un chiffre d'affaires de trente millions d'euros.

Le plan social prévoit la suppression de 112 des 125 emplois. L'offre Borletti permettrait de préserver «une petit moitié des effectifs», selon M. Valliot.

Cette offre «semble une bonne nouvelle», a déclaré à l'AFP un membre du Comité d'entreprise de la maison Christian Lacroix. «C'est intéressant» mais «il faut étudier de manière plus approfondie le dossier», a-t-il ajouté.

Quelques heures après avoir déposé son offre, BKC s'est dit prêt à l'améliorer tant sur le plan de l'emploi que sur celui du développement de la maison de couture.

«Tout va dépendre de la nature exacte» du plan de continuation que présenteront les actionnaires américains, a déclaré le président de BKC, Louis Petiet, à l'AFP.

Dans le cadre de son offre initiale, BKC espère pouvoir reprendre «au moins la moitié» des salariés, a précisé Louis Petiet. Mais «nous pensons pouvoir aller jusqu'à une centaine de personnes», a-t-il ajouté.

M. Petiet a indiqué par ailleurs «ne pas exclure» la possibilité de s'allier au groupe Borletti avec qui BKC était «en contact avant le dépôt des offres».

De son côté Christian Lacroix, qui avait rencontré vendredi le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, doit être reçu mardi par le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi.

Le comité d'entreprise de la maison de couture doit se réunir à nouveau mardi après-midi.