Lundi matin, 9h. Une douzaine d'enfants sont assis en rond, lors de leur premier jour au camp de jour. Au programme: ni musique ni équitation, mais... des tables de multiplication, de la grammaire, et pourquoi pas un peu de lecture. Le tout, en s'amusant. Après tout, c'est quand même l'été...

Nous sommes au camp de jour éducatif Je sais tout, à Laval, qui, pour ladeuxième année, offre, sur une période de quatre semaines, un programme pédagogique axé sur les apprentissages acquis pendant l'année scolaire, le tout, par le biais du jeu. «Apprendre tout en s'amusant»: c'est la maxime du camp, écrite bien en vue, en lettres moulées, sur un petit panneau à l'avant de l'édifice, qui abrite par ailleurs les Centres pédagogiques, un service d'aide aux devoirs au coeur du Vieux Sainte-Rose. Au programme cet été, donc: un baseball mathématique, une chasse au trésor des mots, un karaoké du français, une impro de la lecture.

 

Cette semaine, les activités tournent autour des métiers. Pour découvrir le sujet du jour (en l'occurrence: les sportifs), les élèves, pardon, les campeurs, regroupés par cycles, doivent ce matin trouver un mot mystère, à l'aide d'un plan cartésien. «Part de la lettre Y, et déplace toi de sept cases vers la droite», explique l'animatrice à une gamine de première année. Les jeunes partiront ensuite au parc, pour des «olympiades»: une course de 50 mètres, un lancer du poids, puis un saut en longueur. Le tout servira de point de départ pour une série d'activités durant la semaine: rédaction d'une «fiche d'athlète», comparaison des résultats, diagrammes. Les parents seront ensuite tenus au fait des apprentissages de leur enfant, par le grâce à un porte-folio regroupant leurs travaux.

«Ils apprennent par le plaisir, presque sans s'en apercevoir, explique la directrice Claudine Potvin. C'est une façon ludique de rester dans le bain. Le but premier: c'est de s'amuser. Mais au lieu de les faire sécher au soleil, j'aime mieux leur faire faire quelque chose de constructif.» Comme lancer un ballon en révisant ses multiplications, ou encore chanter un karaoké, tout en corrigeant les participées passés.

Les animateurs sont tous issus du milieu scolaire, ou encore en cours de formation. De leur côté, la majorité des jeunes n'a aucune difficulté, mais une soif d'apprendre et des parents visiblement intéressés. C'est le cas de Line Hébert, dont les deux garçons passeront l'an prochain les examens pour entrer au secondaire. «Nous visons le privé, alors on a décidé de faire d'une pierre deux coups: oui s'amuser, mais aussi réviser par la bande.»

Seul le tiers des inscriptions provient d'élèves en difficulté. C'est le cas du fils de Jean-François Cusson, qui vient de boucler sa 3e année, avec des difficultés en lecture et en écriture. «Mais moi, je suis criminologue de formation, pas pédagogue, explique-t-il. Je me sentais limité dans l'aide que je peux lui apporter.» D'où l'intérêt du séjour pédagogique, où son fils, tout en révisant, «a autant de plaisir que dans un autre camp.»

Selon Égide Royer, psychologue et professeur titulaire en adaptation scolaire à l'Université Laval, ce genre d'option, «reconnue dans le métier mais malheureusement très peu pratiquée», est idéale pour les enfants qui, autrement, redoubleraient ou passeraient leur année avec un niveau très faible.

Mais pour les autres, qui n'ont aucune difficulté? «Mon sentiment, comme père, grand-père, ou pédagogue, c'est que l'été, c'est fait pour faire des activités libres et relaxer tranquilles.»