Près d'un million d'élèves du primaire et du secondaire de la province ont dit adieu aux bancs de leur école pour une soixantaine de jours. Bien des parents auront fait au cours des dernières semaines des pieds et des mains pour trouver un moyen de les tenir occupés pendant tout ce temps. Une mission parfois complexe: vacances rime parfois avec stress!

À 10 jours de la fin des classes, Noémie Ducasse s'avouait franchement nerveuse à l'idée de ne pas avoir fini de planifier l'été de ses trois jeunes enfants. «C'est un véritable casse-tête!» Elle travaillera tout l'été, son conjoint aussi. Ce ne sont pas les activités intéressantes qui manquent. «Mais je ne veux pas seulement les occuper pendant que je suis au boulot, je veux aussi éviter que leur été soit une simple prolongation du rythme 9 à 5 qu'ils ont à l'école!»

 

Martine Côté et son conjoint se sont attelés à la tâche dès le mois de janvier, épluchant les guides d'activités et sollicitant les amis et la famille... «On ne voulait absolument pas être pris au dépourvu parce que neuf semaines, c'est tout de même long!» lance-t-elle. Ses enfants auront droit à deux semaines de camping en Estrie, au camp de jour, au séjour dans la parenté et aux entraînements de soccer.

Psychologue pour enfants, Martin Jodoin voit des parents défiler tous les jours dans son cabinet de Montréal et constate que certains sont de plus en plus tendus au fur et à mesure que les beaux jours approchent. Ils se sentent coupables de ne pas pouvoir passer tout l'été avec leurs enfants à cause de leur emploi.

Au Québec, cet été, un peu plus de la moitié des enfants de 6 ans passeront plus de temps avec un animateur de camp ou une gardienne qu'avec leurs parents et le tiers seront gardés tout l'été ou presque. Certains parents cherchent à compenser en trouvant les meilleures activités, les plus intéressantes où leurs petits seront le mieux encadrés et le plus stimulés, remarque M. Jodoin.

Les parents en font-ils trop? «Ils veulent garder leurs enfants à l'oeil et bien stimulés et c'est tout à fait normal. Mais ils ne doivent pas perdre de vue que l'été, c'est avant tout un moment de détente et de repos pour leurs enfants», dit-il.

C'est pour cela qu'Isabelle Valois tenait à envoyer ses deux garçons passer trois semaines chez leurs grands-parents maternels, puis paternels chez qui, officiellement, ils «ne feront rien». Vingt et un jours où, à leur réveil - sans cadran - leur seule tâche sera de trouver matière à s'amuser. Isabelle Valois veut que ses enfants réapprennent le plaisir d'avoir une vie désorganisée, après ces 10 mois d'école où la ponctualité et l'organisation font la loi. «Au début, ils trouvent ça un peu difficile et ils ont peur de s'ennuyer. Mais ça ne dure pas!»

Directrice du centre d'études sur le stress de l'hôpital Louis-H. Lafontaine, Sonia Lupien note qu'aucune étude n'a été menée sur les bienfaits des vacances «désorganisées». Mais, dans la mesure du possible, elle ne recommande pas aux parents d'envoyer leurs enfants en colonie de vacances tout l'été et de les surcharger d'activités. «Nos enfants sont surstimulés depuis qu'ils sont tout petits. Ce ne sont pas les enfants qu'on a été, et on pourrait difficilement imaginer de les laisser sans activité tout l'été. Mais ils sont bien capables de s'occuper seuls un peu», dit-elle.

Carole Sénéchal, professeure de pédopsychologie à l'Université d'Ottawa, ajoute que les vacances peuvent même parfois être une source de stress pour les enfants «si on leur impose des activités qui leur semblent être au-delà de leurs capacités».

Mais elle estime que la routine, l'été, n'est pas à bannir de la vie des enfants. Loin de là. «Les adultes la perçoivent comme une contrainte, mais pour les enfants, elle a quelque chose de très rassurant et même souvent de nécessaire à leur bon fonctionnement.»

Et le conseil vaut aussi pour les plus vieux. «Cela me préoccuperait de savoir que mon adolescent n'a rien à faire de tout l'été, surtout avec tous les problèmes d'embonpoint qu'il y a aujourd'hui!»

D'autant plus que les statistiques confirment qu'ils passeront chaque jour de longues journées à naviguer... loin des plans d'eau et du soleil. En 2005, les garçons passaient en moyenne 114 minutes sur l'internet un jour de fin de semaine, contre 97 minutes pour les filles. Durant la semaine, les filles passaient 98 minutes par jour sur l'internet, et les garçons, 95 minutes.