Josée di Stasio ne connaissait pas l'Espagne avant d'en faire la destination de sa troisième virée culinaire, après l'Italie et la France. Elle y a fait une foule de découvertes, dont celle d'un art de vivre on ne peut plus séduisant. À quelques jours de la mise en ondes de sa septième saison, la dame nous donne quelques impressions de voyage.

Pour se préparer à cette nouvelle série d'émissions hors Québec, l'animatrice a suivi toutes les pistes qui se présentaient à elle: livres sur la culture espagnole, amis connaisseurs, produits goûtés ici - comme cette fleur de sel d'Es Trenc parfumée à l'olive noire qu'elle saupoudrait un peu partout. «C'est la partie excitante, stimulante du processus. Après, quand il faut que je fasse des choix, c'est l'horreur. Comme on coordonne tout ça à distance, on y va au feeling. On se demande constamment si on fait les bons choix.»

 

Au terme de ses recherches, la bourlingueuse a décidé de se concentrer sur la Catalogne (Barcelone) et le Pays basque, tout en se permettant un petit saut à Valence, berceau de la paella. Dans l'île de Majorque, elle a rencontré une charmante peintre, Conxita Boncompte, qui lui a ouvert les portes de sa cuisine, de son atelier et de son cercle d'amies épicuriennes.

Josée di Stasio se rappelle son séjour à Rome, à la faveur duquel elle avait rencontré deux garagistes qui se faisaient des pâtes à la tomate tous les midis. «C'est sûr que je ne me confinerai pas aux restaurants. Si je peux pénétrer dans l'intimité de quelqu'un, je vais en profiter. Ce que j'aime, c'est de présenter un portrait varié d'une cuisine donnée, par le truchement de familles, d'amis, de chefs aguerris et de jeunes chefs montants. Je veux aussi présenter des recettes qu'on peut faire facilement chez nous. Dans la série sur l'Espagne, il n'y a que chez Arzak que l'on assiste à une démonstration. Et même si on ne peut reproduire ses créations, ça aiguise la curiosité du public et ça lui apprend des choses.»

Au rayon «art de vivre», l'Espagne est un exemple à suivre, même si, comme partout ailleurs, plusieurs traditions se perdent. Le soir du tournage à San Sebastian, ce haut lieu de la gastronomie mondiale avec ses innombrables bars à tapas et grands restaurants (dont trois sont triplement étoilés), il pleuvait à boire debout. «C'était un vendredi soir et nous étions très déçus par le temps, se rappelle Josée di Stasio. Mais en ouvrant la porte du premier bar à tapas, nous avons été surpris de voir qu'il était archibondé. Et de porte en porte, c'était la même chose partout. Tous les bars étaient vibrants, bruyants, débordants. Ça, c'est une expérience que j'achète!»

Une fois l'expérience vécue et digérée, la voyageuse a pris le temps de classer ses leçons espagnoles dans trois grandes catégories: la qualité et la fraîcheur des produits, l'art de manger en petites bouchées et la cuisine d'avant-garde.

Les produits

Ce que Mme di Stasio a observé, en premier lieu, c'est la qualité des produits, une fraîcheur incroyable. «Les poissons, je pense qu'ils bougent encore dans l'assiette! raconte-t-elle. Puis il y a l'huile d'olive. L'Espagne est le plus grand producteur d'huile d'olive au monde. Les Espagnols sont en train de se réapproprier et de revaloriser leurs produits, en y mettant un peu de marketing. On remarque aussi qu'ils produisent des conserves de très grande qualité. Des coquillages, des poissons, des produits dans l'huile. Il y a même un bar à Barcelone où ils ne font que des tapas à base de conserves.»

Les petites bouchées

Cet art de manger en petites bouchées a depuis longtemps traversé les frontières de l'Espagne. Au Québec, et à Montréal en particulier, les tapas, les pintxos (version basque des tapas), et autres portions menues figurent sur la carte de bien des restaurants, qu'ils soient d'inspiration ibérique ou pas. Ce qui a impressionné Josée di Stasio, en plus de la grande variété de l'offre (tapas traditionnelles, tapas réinventées, tapas gastronomiques, etc.), c'est la convivialité qui résulte de cette approche. «C'est accepté de tous que les convives vont piger dans la même assiette.» Cette mise en commun s'étend même aux mets plus copieux. Dans l'épisode portant sur Valence, on mange la paella à même la poêle. «Et je suis certaine que cette paella était mille fois meilleure que si nous l'avions mangée dans des assiettes individuelles!»

Cuisine d'avant-garde

El Bulli, le temple de la cuisine moléculaire où officie le grand Ferran Adrià, trône au sommet des listes de type «best of» depuis quelques années. Josée di Stasio a pour sa part choisi de rendre visite au chef Juan Mari Arzak, du restaurant Arzak, également un abonné des listes et heureux détenteur de trois étoiles Michelin depuis 1989. «La cuisine d'avant-garde, ce n'est tellement pas mon style, mon approche; mais ça m'intéresse quand même, dit la grande vulgarisatrice. Pour moi, c'est de l'art culinaire contemporain. Quand c'est bien fait, poussé, c'est fascinant. On peut avoir l'impression que cette cuisine d'avant-garde est entourée de froideur, mais l'homme que j'ai rencontré était très chaleureux, sans prétention. Arzak travaille avec sa fille, qui a pris la relève du restaurant. C'est une très belle histoire de famille.»

Les bonnes adresses «espagnoles»

Josée di Stasio nous a dressé une liste de commerces et d'épiceries fines à Montréal où l'on peut trouver une bonne sélection de produits espagnols.

Olive et Olives

Cette boutique spécialisée dans les produits espagnols (60% de son inventaire est espagnol) propose une excellente variété d'huiles, de vinaigres, d'olives et de condiments. On y trouve même le riz bomba à paella.

Quatre succursales, dont la toute première:

1389, avenue Laurier Est, 514-526-8989. Pour les autres adresses: www.oliveolives.com

La Librairie espagnole

On y trouve la «paella», qui est le poêlon dans lequel on prépare le mets du même nom, les ramequins à crème brûlée, la musique pour accompagner le tout et bien d'autres produits.

3811, boul. Saint-Laurent, Montréal, 514-849-3383

Arthur Quentin

On s'y procure les verres Bodega (5$), que tous les bars à tapas basques utilisent pour servir le vin et l'eau. On s'en sert aussi pour mettre olives, noix, etc. à l'apéro.

3960, rue Saint-Denis, Montréal, 514-843-7513

La Vieille Europe

On y déniche une bonne variété de produits: jambons ibériques, serrano, patanegra ainsi que des fromages espagnols.

3855, boul. Saint-Laurent, Montréal, 514-842-5773

Les Douceurs du marché

On s'y rend pour acheter le paprika espagnol de marque Safinter, doux et fort, le piment d'Espelette, la fleur de sel Flor de sal d'Es Trenc de l'île de Majorque (naturelle ou parfumée aux olives noires, etc.) et le riz bomba à paella.

Marché Atwater (rez-de-chaussée), 514-939-3902

Fouvrac

On s'y rend également pour le paprika Safinter, le piment d'Espelette et la Flor de sal d'Es Trenc.

1451, avenue Laurier Est, 514-522-9993

Fromagerie des Nations

Point de vente du riz bomba à paella et du piment d'Espelette.

3535, autoroute 440, Laval, 450-682-3862