Les producteurs de foie gras du sud-ouest de la France, confiants dans les commandes pour les fêtes de fin d'année en dépit de la crise, craignent une année 2009 plus incertaine, notamment sur les marchés d'exportation.

Sur le réputé marché au gras de Périgueux, où s'entassent carcasses, peaux, aiguillettes et foie de canard, les producteurs qui vendent en direct aux clients engrangent «comme d'habitude» les commandes pour Noël et le Nouvel an.

«Jusqu'à Noël, je pense que ça va passer mais j'ai des craintes pour après», résume Annie Nadal, qui élève 560 canards à Eyliac. «On n'a pas augmenté nos prix depuis le passage à l'euro pour rester à la portée des clients alors que nos coûts de production ont augmenté», explique-t-elle.

Cette année, le prix des granules pour les poussins et des engrais pour le maïs servant à nourrir les canards ont été multipliés par deux, relève-t-elle, sans compter la hausse du prix du métal et du verre pour l'emballage.

Quentin Marty, producteur de foie gras à Saint-Germain-des-Prés avec 1500 canards par an, dit aussi garder «l'espoir que les clients continuent d'acheter malgré la crise car Noël reste toujours assez festif et familial».

«Je sers habituellement du fois gras à Noël mais cette année, vu la conjoncture je vais réduire les portions par personne, deux petites rondelles et voilà!», lui répondait comme en écho une cliente, Bernadette Combeau, interrogée parmi les étals du marché couvert.

Près des trois-quarts des ventes de foie gras sont réalisés pendant les fêtes de fin d'année.

Selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), de récentes enquêtes montrent que «ce n'est pas sur les repas de fête que les Français comptent réduire leurs dépenses».

Mais les commandes de foie gras de certaines enseignes de grande distribution sont en «léger retrait» par rapport à 2007, reconnaît le Cifog dans un communiqué.

Pour prévenir une éventuelle chute des ventes, l'organisme vient de demander aux producteurs de ne pas augmenter leur production en 2009.

«C'est un appel à la prudence pour éviter un déséquilibre entre l'offre et la demande», explique Marie-Pierre Pé, secrétaire générale du Cifog.

«Nous pensons que malgré la crise économique l'effet plaisir va se maintenir sur des valeurs comme le foie gras. L'offre, très diversifiée, s'adresse à toutes les bourses», argumente-t-elle, s'inquiétant toutefois des exportations en repli de 15% sur les sept premiers mois de 2008 et de la crise économique touchant de plein fouet l'Espagne, son premier marché à l'exportation.

La France, essentiellement du sud-ouest, est le premier pays producteur de foie gras avec 20 400 tonnes produites en 2007, soit 78% de la production mondiale. Le pays reste de loin le premier consommateur avec 77% de la consommation mondiale.