Ils passent leurs journées en cuisine. Font les plus belles assiettes en ville, mais, comme vous et moi, ils ont aussi, souvent, de jeunes enfants. Où diable nos chefs sortent-ils leurs mômes?

Histoire de dénicher quelques bons filons, Actuel a interrogé quatre d'entre eux. Sortez vos carnets d'adresses.

Sans surprise, la plupart des enfants de nos chefs chouchous sortent avant tout dans le restaurant de leur parent, mais pas uniquement. Et là, surprise, pas de snobisme: les nappes blanches comme les comptoirs sont ici également tachés.

«Ils ont tous mangé ici, au bar ou en salle», indique Normand Laprise, du Toqué! , nouvellement père d'une puce de 1 mois, d'une petite de 16 mois et d'un grand bonhomme de 14 ans. C'est évidemment avec son aîné qu'il a le plus de sorties à son actif.

Petit, quand il était au primaire, il allait souvent dîner à l'Anecdote, coin Saint-Hubert et Rachel («on allait toujours là, c'est très correct, il y a un bon rapport qualité-prix, avec un service personnalisé, sans être restaurant-minute»). Ou encore au bar de l'Express, rue Saint-Denis («une cuisine accessible, plus classique, avec une ambiance conviviale, où on peut manger en une heure et partir»), au Pied de cochon, avenue Duluth («tant qu'à leur faire manger des frites, autant leur en faire manger des bonnes») ou, plus récemment, au bistro Cocagne, rue Saint-Denis, de préférence au bar («parce qu'à cet âge, un enfant ne veut pas passer deux heures à table»). Toujours, il se munissait d'un jeu de cartes ou de crayons de couleur, histoire de le faire patienter.

Avec sa cadette, il se tourne plutôt vers les pizzerias italiennes: Via Roma, boulevard Saint-Laurent, ou encore la Botega, rue Saint-Zotique («où on offre des choses faciles à manger, sans prendre trop de temps»).

«Il y a un âge où c'est plus difficile. Entre 16 mois et 3 ans, ils ne comprennent pas la notion du temps, ils lancent tout à terre, alors je n'irais pas dans certains restaurants, sachant que cela va être compliqué.»

De la belle visite

Avis aux intéressés: même s'il n'a pas du tout le profil du resto familial, Toqué! accueille toujours les enfants à bras ouverts. Ah bon? «Souvent, quand il y a des enfants, on les amène visiter les cuisines.» Les cuisines? Ils ne dérangent pas? «Vous savez, on est 18 en cuisine, 18 enfants en cuisine...» Le lave-vaisselle industriel, avec ses allures de lave-auto, a apparemment beaucoup de succès.

Claude Pelletier, du Club Chasse et pêche, père de deux enfants de 5 et 13 ans, favorise lui aussi les restaurants où le service n'est pas trop lent. Ses meilleures adresses? Le restaurant Beijing, rue De La Gauchetière («parce que ça va vite!»), ou encore une pizzeria, comme la Cucina, boulevard Saint-Laurent.

Service rapide, d'accord, mais aussi une nourriture intéressante, tels sont les deux critères de nos chefs. Alexandre Loiseau, du bistro Cocagne, père d'un garçon de 5 ans, casse lui aussi la croûte au Pied de cochon («où mon fils peut manger des frites et de la poutine, des choses qui l'intéressent»), chez Frites alors! («parce que les frites sont bonnes») ou encore chez Schwartz («pour le smoked meat»).

S'il a déjà eu des mauvaises expériences? Comme tout le monde. «Des fois il court partout, c'est un peu plate. C'était plus facile quand il avait 6 mois!» D'où son indulgence, à son bistro, quand des clients arrivent avec des enfants turbulents. À noter: il accepte même de faire des petits plats différents, sur demande. Enlever le persil et la ciboulette de l'assiette, par exemple.

«Les enfants ne dérangent jamais dans un restaurant, ce sont les adultes qui dérangent», croit quant à elle Helena Loureiro, du Portus Calle, boulevard Saint-Laurent. Ses enfants, aujourd'hui âgés de 17 et 18 ans, elle les a toujours traînés partout. À la Casa Minhota ou au restaurant Douro (tous deux boulevard Saint-Laurent) «pour développer leur goût du poisson», ou encore à la Botega ou à la Pizzeria Napoletana (rue Dante).

Et chers parents, savourez ce qui suit: «Ici, chez Portus Calle, il n'y a pas souvent d'enfant, mais quand il y en a, j'aime ça. Ça met de la vie. C'est normal de manger avec ses doigts ou de faire tomber de la nourriture par terre. C'est normal, ce sont des enfants.»