La chasse veut se donner meilleure image. Surtout auprès des urbains qui la méconnaissent, mais qui aiment bien manger une viande sauvage une fois de temps en temps.

Pour la première fois de son histoire vieille de plus de 60 ans, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs lance une campagne publicitaire dans les grands médias. Ironiquement, cette offensive est lancée au moment où la chasse reprend du poil de la bête. Depuis 10 ans, l'activité gagne en popularité dans la province. «Nous avons 15 000 nouveaux chasseurs chaque année», explique Annie Guertin, directrice des relations publiques pour la Fédération. Cette année, 1,1 million de Québécois ont leur certificat en poche et la majorité de ceux qui l'utiliseront mangeront les bêtes chassées. «Les chasseurs achètent peu de viande à l'épicerie», précise Mme Guertin.

 

C'est donc par l'estomac que la réhabilitation du chasseur passera. «Mangez bio», clame l'une des publicités. «Faites du trekking et l'épicerie en même temps», dit une autre. Elles sont destinées aux hommes et aux femmes de 25 à 54 ans.

Plusieurs émissions culinaires et livres de recettes montrent maintenant tout le processus de préparation d'un repas, parfois à partir de la chasse. Ou du moins, on voit la bête à l'origine du ragoût. Elle n'arrive plus en cube, sous vide. Cela a certainement contribué à changer la perception de la chasse dans la population sensible aux plaisirs de la bonne chère, indique Annie Guertin. «La chasse a aussi changé: autrefois on exhibait les trophées de chasse sur les camions. Aujourd'hui on ne voit presque plus ça, dit-elle. C'est très mal vu dans le milieu.»

Malgré cette tendance, le groupe a commandé une enquête l'année dernière qui lui a confirmé que, dans les villes surtout, les gens manquaient d'informations sur la chasse. «Ils ne savent pas, par exemple, que c'est une façon de gérer la surpopulation animale», dit Annie Guertin qui précise que l'offensive publicitaire ne veut pas convertir les gens qui s'opposent à la chasse.