De plus en plus d'Américains décident de laisser tomber la pelouse et de faire un potager. C'est le cas d'Yvette Roman et Fred Davis, qui font pousser des légumes depuis un an devant leur maison de Los Angeles.

Yvette Roman et Fred Davis ont toujours aimé jardiner. Quand ils ont acheté leur maison à Los Angeles, en 2004, l'une des premières choses qu'ils ont faites a été de planter des concombres et des tomates sur une bande de terre de 30 cm derrière chez eux, près du garage.

 

«Ça poussait très bien, mais le jardin était petit, se souvient Mme Roman. Au bout du compte ça ne produisait pas beaucoup de légumes.»

Chaque fois qu'elle garait son auto dans l'entrée, Mme Roman marchait le long de la pelouse immaculée qui poussait devant chez elle. Personne n'y mettait jamais les pieds, sauf pour couper le gazon. Petit à petit, une idée a germé: pourquoi ne pas arracher la pelouse et utiliser cet espace pour faire un potager?

Il y a un an, le couple s'y est mis. Aujourd'hui, les visiteurs qui vont chez eux passent près de deux immenses carrés dans lesquels poussent des poivrons, des tomates, des pois, des raisins, deux sortes de brocolis, des oignons, des aubergines, de l'ail et plusieurs sortes de fines herbes.

«Quatre-vingt pour cent des légumes que nous mangeons viennent du potager, dit fièrement Mme Roman. Parfois, je vais acheter des choses qui me manquent, comme des champignons. Sinon, le potager nous suffit.»

Cultiver des légumes en banlieue n'est pas révolutionnaire. Faire son potager sur le terrain devant sa maison, près de la rue, à la vue de tous, l'est davantage.

Cette année, quelques cas de ce type de «potager extrêmes» ont été signalés dans les médias américains. Un homme en banlieue de Denver, au Colorado, s'est même attiré la hargne de ses voisins en convertissant tout le devant de sa maison en potager. La Ville a essayé de l'en empêcher. En vain.

À Los Angeles, Yvette Roman et Fred Davis croient être parmi les premiers à tenter l'expérience. Pour eux, il n'était pas question de faire un potager dans la cour arrière.

«La cour, c'est pour les chiens et les barbecues. En plus, le devant de la maison est ensoleillé toute la journée. C'était vraiment logique de mettre le potager là.»

Le couple a même engagé un architecte paysagiste pour la conception de son potager. Des travailleurs ont réalisé le tout et installé un système d'arrosage souterrain automatique pour garder la terre humide.

L'idée était de rendre le potager attrayant et facile d'entretien. «Nous sommes des gens de la ville. Nous aimons voyager, sortir, aller au cinéma. Pour nous, il fallait que ça soit simple. Nous ne voulions pas que nos vies soient pensées en fonction du potager», explique Mme Roman qui, comme son mari, n'est pas végétarienne.

Au début, le potager demandait une attention quotidienne. Après quelques semaines, le couple n'y consacrait plus que quelques minutes par jour.

C'est sur l'internet qu'ils ont appris comment faire pousser les légumes, et comment conserver les graines des légumes achetés à l'épicerie pour ensuite les planter dans leur potager. Depuis, Mme Roman a aussi créé son propre blogue, qui raconte l'évolution de son potager.

«Ce qui me surprend, c'est à quel point c'est facile. Une fois que le potager est lancé, il n'y a plus grand-chose à faire. Comme on est dans le sud de la Californie, on peut planter et récolter toute l'année. Et tout ce qu'on fait est bio. Avec la salmonelle et ce genre de chose, c'est rassurant pour nous de savoir d'où viennent les légumes que l'on mange.»

Le clou du quartier

Dans leur rue, située dans le quartier Mar Vista, Yvette et Fred sont les seuls à avoir transformé leur pelouse en potager, une initiative légale, selon la Ville. La réaction de l'entourage a été très favorable, disent-ils, sauf celle de leur voisin immédiat.

«Nous étions en train d'aménager le potager, et le voisin nous regardait. Puis, il a levé les yeux au ciel et est rentré chez lui. C'est la seule réaction négative que nous ayons eue», dit Mme Roman.

En plus de susciter la curiosité des passants, le potager favorise les échanges, ajoute-t-elle. Les gens s'arrêtent pour poser des questions, s'informer de la taille des carottes ou de l'état des pousses de laitue.

«On connaît tout le monde à un kilomètre à la ronde à cause du potager, dit la nouvelle jardinière. Je sais qu'on a inspiré des gens à faire la même chose. C'est encourageant de voir qu'un petit geste peut changer quelque chose.»

Sur le web: https://beyondthelawn.blogspot.com/