En créant Les Aliments Ange-Gardien, qui offre aux gens souffrant d'allergies alimentaires la possibilité de faire plaisir à leurs papilles, Julie La Rochelle s'est retrouvée à la tête d'une PME dont les ventes doublent d'un trimestre à l'autre. Ces jours-ci, l'entreprise de Boucherville lance un site d'achats en ligne et compte prendre d'assaut le marché nord-américain avec ses produits congelés.

Mme La Rochelle, ex-comédienne qui a notamment joué dans Lance et compte II et Chambre en ville, préfère ne pas chiffrer pour l'instant ses objectifs en matière de «cyberventes». «Mais d'ici cinq ans, j'aimerais qu'on soit le leader nord-américain dans notre secteur», dit-elle. La jeune femme d'affaires peut compter sur les précieux conseils de sa mentor Liliane Colpron, fondatrice des boulangeries Première Moisson.

En raison des nombreuses allergies alimentaires de l'un de ses fils, Julie La Rochelle a créé pour lui des recettes de muffins, gâteaux et autres biscuits sans lait, sans oeufs, sans noix et sans arachides. Pour la paraphraser, ce qui était à l'origine un épisode négatif s'est transformé en une belle aventure entrepreneuriale. Son conjoint et son beau-frère forment avec elle le principal actionnariat de la PME.

Selon Mme La Rochelle, de 6% à 8% de la population (en majorité des enfants) souffrent d'allergies alimentaires de toutes sortes. Au Québec seulement, cela représente près de 300 000 personnes. «Et j'évalue qu'une allergie alimentaire va influencer entre six et 10 personnes autour de celui ou celle qui a cette allergie. Ça fait beaucoup de monde», croit-elle. La PME a commencé ses activités en 2007. Après un peu plus d'un an d'exploitation, le chiffre d'affaires des Aliments Ange-Gardien est sur le point de frôler le million de dollars. Avec une telle croissance, la nouvelle femme d'affaires entrevoit l'avenir avec beaucoup d'optimisme. Même si ses installations de Boucherville (environ 6000 pieds carrés) ne fonctionnent pour l'instant qu'à 25% de leur capacité, la PME prévoit déménager sous peu.

Nouveaux équipements

L'entreprise est actuellement en mode financement. Comme elle s'attend à voir ses ventes exploser, notamment grâce au commerce électronique, elle doit acheter de nouveaux équipements. «On va trouver notre rentabilité dans le volume», dit Julie La Rochelle. Même si le bouche à oreille fait son oeuvre, l'entrepreneure de 39 ans investira également dans la publicité et le marketing à très court terme.

Pour l'heure, les produits congelés de l'entreprise sont vendus dans une forte proportion au Québec, principalement dans les supermarchés des familles Sobeys et Métro, de même que dans des boulangeries et des épiceries fines. Depuis peu, Les Aliments Ange-Gardien a fait son entrée en Ontario (par l'entremise de Métro et ses succursales A&P) et dans les Maritimes. La PME termine ces jours-ci une importante entente de distribution pour le secteur institutionnel (hôpitaux, garderies, etc.).

Les biscuits et les muffins de Julie La Rochelle se vendent environ 5,50$ la boîte de six. Ses gâteaux se vendent jusqu'à 20$ chacun. À court terme, la PME ajoutera du pain tranché à sa gamme de produits non allergènes.

Même s'ils sont sans trace de lait, d'oeufs, de noix ou d'arachides, les produits de la PME seraient très délicieux, selon Julie La Rochelle. La Presse Affaires ne saurait corroborer ses dires puisque nous n'avons pas eu la chance de goûter ne serait-ce qu'à un biscuit.

Selon Mme La Rochelle, Les Aliments Ange-Gardien serait la seule entreprise canadienne (sinon nord-américaine) à offrir des produits contenant autant d'ingrédients non allergènes. Bref, elle affirme ne pas avoir de concurrence directe. «Il y en a qui font des produits avec un ou deux ingrédients non allergènes, dit-elle. Nous allons beaucoup plus loin. Notre cahier de charges est très rigoureux. Les clients importants qui viennent visiter nos installations sont étonnés.»

Comme si son entreprise ne l'accaparait déjà pas assez, Julie La Rochelle publiera cet automne un livre de recettes contenant des ingrédients non allergènes. Le titre de l'ouvrage, Peut contenir des traces de... bonheur, est assez évocateur.