Plutôt habitué aux antiquités et aux sarcophages, Le Louvre a accueilli samedi le premier défilé de mode égyptienne organisé à Paris, celui de la styliste Marie Bishara, qui veut séduire la planète mode avec une collection «contemporaine mais enracinée dans l'histoire» de son pays.

Formée à la fois en Egypte (Beaux-arts) et en France (graphisme et mode), Marie Bishara est directrice artistique et vice-présidente du groupe Bishara, fondé par son père en 1960. La société emploie 1300 personnes en Egypte où elle possède ses propres usines de tissage et d'impression, et produit plusieurs lignes masculines et féminines pour elle-même et d'autres marques. Actuellement, le groupe n'est implanté qu'en Egypte.

Avec la collection présentée samedi, au premier jour des défilés de prêt-à-porter féminin pour le printemps-été 2009, le groupe Bishara veut «rénover l'image du coton égyptien» et «lancer une ligne de luxe», a expliqué la créatrice à l'AFP.

Déclinée en lin, soie, coton, la collection «est basée sur les trésors de l'Egypte», a-t-elle souligné.

Des robes courtes sans manches sont ainsi directement inspirées des galabieh, longues robes traditionnelles masculines. La styliste n'a pas retenu leurs manches longues mais a découpé des emmanchures similaires.

Elle propose un vestiaire qui fait honneur au savoir-faire des brodeuses égyptiennes, avec notamment des broderies en fils d'argent (technique du «talli»). Des palmiers, des obélisques, des tentes stylisés mais aussi des scarabées, symboles de naissance et de renaissance, la «clé de la vie», le dieu Horus ou des hiéroglyphes rappellent les rives du Nil. Des pierres semi-précieuses (turquoise, ambre) dessinent des encolures comme des plastrons pharaoniques.

Bien que membre de la famille royale thaïlandaise, la princesse Sirivannavari Nariratana préfère manifestement l'éclat sombre du rock à l'apparat royal.

Sous les dorures et les lustres de cristal d'un très chic hôtel parisien, elle a fait défiler des silhouettes moulées dans des combinaisons noires, des pantalons slim en lamé argent et daim rose ou turquoise.

Des micro-blousons en lamé, des bottines à multibrides cloutées, des broderies en métal et corde tressée, des clous en cuir et en cristal et autres zips et chaînes complètent l'allure de ces femmes qui regardent le monde d'un oeil farouche, une mèche de cheveux tombant sur leurs sourcils charbonneux.

Quand elle abandonne la panoplie rock pour plus de douceur, par exemple avec une mini-robe plissée en mousseline de soie, la princesse en déchire les volants, ou se contente de zips en trompe-l'oeil.

L'atmosphère respirait au contraire la douceur dans le décor rococo du Train Bleu, restaurant de la gare de Lyon, où le Breton Karim Bonnet, créateur de la marque Impasse de la Défense, avait choisi de présenter sa collection.

Les robes de mousseline, les superpositions légères, les longs foulards-cravates, l'arrondi des cols Claudine ou Pierrot, les gros plis des paletots, les petites bottines moulantes dégagent un charme indéniable.

Les taches de couleur floues, les lignes irrégulières comme des empreintes, les superpositions d'impressions et d'unis, rappellent que le styliste mène par ailleurs un travail de photographe.