Aiguisez vos ciseaux. Avec le ralentissement de l'économie et la hausse du prix de l'essence, le coupon de réduction reprend du service. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à éplucher, les doigts tachés, les prospectus.

Selon un sondage publié en juillet par la firme ICOM, 7 Canadiens sur 10 sont davantage enclins à utiliser le coupon lorsque l'économie bat de l'aile. Au Québec, c'est 6 sur 10.

«C'est une tendance qu'on voit émerger aux États-Unis, mais aussi au Canada et au Québec, note Renaud Legoux, professeur au département de marketing des HEC de Montréal. Lorsque leur budget est serré, les consommateurs sont plus sensibles aux promotions.» Les entreprises, en surplus de capacité, y trouvent aussi leur compte en écoulant leur stock.

Actuellement dans un creux économique, les États-Unis constituent un terreau fertile au couponnage. En 2007, la distribution de bons de réduction a bondi de 6%, passant à 302 milliards. Au Canada, la même tendance se dessine, comme chaque fois où la classe moyenne doit se serrer la ceinture. En 2001, lors de la dernière récession, 122 millions de coupons ont été utilisés au pays, pour des économies totales de 128 millions$. Une hausse de 9% par rapport à l'an 2000, après dix ans de déclin.

Néophytes

Au noyau dur d'habitués s'ajoutent désormais des néophytes du couponnage. Même les plus fortunés se laissent tenter. «Certaines personnes, même si elles sont très riches, sont plus sensibles aux promotions. Le profil socioéconomique et démographique est très varié», explique M. Legoux. Les chiffres confirment. Les individus gagnant plus de 60 000$ par année (70%), autant que ceux gagnant moins de 60 000$ (69%), se tournent vers les coupons quand l'économie va couci-couça. C'est ce que révèle le sondage de la firme de marketing ICOM, réalisé en mai auprès de 2099 répondants canadiens.

Chez les 35-54 ans, 72% des consommateurs sont plus enclins à utiliser des bons de réduction lors de récession, contre 63% chez les 18-34 ans. C'est en Ontario qu'on est le plus friand de coupons (70%), tandis que le Québec arrive en bas de la liste avec 59%. Une explication? «Historiquement, les Québécois sont plus sensibles aux promotions de type concours, où la dimension hédonistique est particulièrement forte, explique le professeur. Les concours marchent fabuleusement bien au Québec, beaucoup plus que dans le reste du Canada.»

Coupon virtuel

Oubliez les timbres des Bellessoeurs de Michel Tremblay! Si le coupon a toujours la cote, c'est parce qu'il évolue avec son époque. Le couponnage électronique qui compte pour moins de 1% du marché des coupons gagne du terrain. «L'internet contribue au regain de popularité du coupon, estime M. Legoux. Le coupon demande d'investir un certain temps, une certaine quantité d'énergie pour obtenir un article à prix réduit. Avec l'internet, on a abaissé le coût d'accès au coupon, ça devient facile et plus tentant.»

Pas étonnant donc que couponmom.com ait vu le nombre de ses visiteurs doubler depuis un an et compte aujourd'hui 650 000 membres. Fondatrice du site et mère de deux enfants, Stephanie Nelson fait fureur chez nos voisins du Sud. On l'a vue sur CNN, dans le magazine Good Housekeeping, aux émissions Today Show et Good Morning America.

Selon cette «pro» du coupon, on peut économiser gros avec nos ciseaux. Un exemple? En juin, elle dit avoir déboursé 363$ pour des denrées valant 844$! Une économie de 57%. «Il ne s'agit pas de modifier votre alimentation, mais de changer votre façon d'acheter les aliments que vous aimez», explique-t-elle sur son site.

Le Montréalais Minh Nguyen pense comme elle. Ingénieur informatique, il a démarré montrealaubaines.com en 2006. «Il y a un réel engouement pour les rabais en ligne, je le vois dans les commentaires que je reçois, dit-il. L'internet est une nouvelle façon d'économiser.»

Sur save.ca, l'achalandage augmente de mois en mois, selon le président Shereen Sabri. Les entreprises paient pour afficher leurs rabais et offrir des coupons par l'intermédiaire de son site. «Dans 30%des cas, la commande de coupons vient de nouveaux visiteurs», dit-il. Temporaire, cette nouvelle folie du coupon? C'est à voir.

DE VRAIES AUBAINES?

«Tous les trucs pour économiser sont bons. Chaque pièce de 10 cents en vaut la peine. Encore faut-il réaliser de vraies aubaines», indique Karine Robillard, conseillère budgétaire et avocate chez Option consommateurs.

Ses conseils

> Pour évaluer si un rabais est intéressant, on doit d'abord connaître le prix régulier.

> Pour réduire ses coûts en essence et en temps, on concentre ses achats dans le même quartier.

> On peut préparer une liste de repas en fonction des aubaines de la semaine (soscuisine.com, supermarches.ca).

> Lors d'importants rabais sur des produits non périssables ou des mets congelables, on fait des provisions.

> On évite de surconsommer.