Fini les économies pour les clients verts des épiceries IGA qui faisaient leur emplettes un cabas sous le bras. La bannière a décidé de ne plus réduire de 3 à 5 cents leur facture en échange de chaque sac à provisions réutilisé.

Ce changement a de quoi surprendre puisqu'il survient au moment où les Québécois semblent de plus en plus nombreux à avoir adopté le sac réutilisable. Or, c'est justement parce que les mentalités ont changé que le virage a été amorcé, dit ce géant de l'alimentation.

«Nos clients nous ont clairement indiqué que l'aspect financier n'était pas une motivation, mais que c'était leur fibre environnementale qui guidait leurs actes», explique Alain Dumas, directeur des affaires publiques de la chaîne, qui ne craint pas que les clients reprennent leurs mauvaises habitudes.

Cette mesure ne se traduirait pas en économies pour l'entreprise, assure M. Dumas. L'argent qui était autrefois versé au compte-gouttes aux clients, à coups de quelques cents, sera accumulé dans un fonds pour soutenir plus généreusement des programmes de protection de l'environnement, de promotion du transport actif, de valorisation des déchets, etc.

Ce fonds sera doté cette année d'une somme totale dépassant légèrement le million de dollars en 2008, montant fixé d'après une estimation des sommes remboursées au clients verts au cours de l'année dernière. Les municipalités du Québec ont déjà été appelées à soumettre des projets au cours de l'été. Les écoles de la province seront consultées à partir de la semaine prochaine, de sorte que des programmes seraient lancés l'hiver.

Le Jour de la Terre appuie cette nouvelle politique, contre laquelle quelques clients ont néanmoins pesté, reconnaît en entrevue M. Dumas. «Certains fervents écologistes nous ont reproché de ne pas carrément interdire les sacs», dit M. Dumas. D'autres auraient préféré que la bannière fasse à tout le moins payer les clients pour chacun des sacs utilisés. Depuis le début du mois de septembre, la SAQ facture entre 5 et 15 cents pour les sacs à usage unique, qui disparaîtront complètement de ses succursales en janvier 2009.

«La situation est complètement différente pour nous: nous ne sommes pas en situation de monopole», réplique M. Dumas. Pour que les épiceries imitent la société d'État, il faudrait donc que tous les commerces de détails adoptent simultanément la même position. Ce qui ne semble pas être en voie de se réaliser.

«Cette avenue n'est pas considérée. On essaie d'être plus positifs que dissuasifs dans notre approche pour encourager les comportements écologistes», dit Marie-Claude Bacon, porte-parole de Metro inc. Cette chaîne continuera l'automne prochain à encourager ses quelque 300 détaillants à poursuivre le remboursement des sacs aux clients.