Il y a deux ans, le magazine américain Wine Spectator, avec son exubérance coutumière, avait largement contribué au tsunami médiatique qui avait couronné les Bordeaux 2005 millésime mythique en leur consacrant un numéro spécial.

Cet été, c'est à peine si la revue mentionne le résultat de ces dégustations des primeurs du printemps du millésime 2007 qui sera disponible l'an prochain. En fait, le numéro est consacré à la... pizza, avec une modeste mention des Bordeaux 2007 en une et une couverture tout aussi frugale à l'intérieur.

Voici comment on résume, en cinq lignes dans l'éditorial du numéro du 30 juin, cette année 2007 dans le bordelais: «Chaque année, les producteurs de Bordeaux offrent leur nouveau millésime en primeur et notre chef de bureau en Europe a évalué les 2007. Il recommande aux acheteurs, s'ils achètent quoi que ce soit, de s'en tenir aux grands blancs et aux vins de dessert.» Autrement dit, ne dépensez pas trop d'argent sur les Bordeaux 2007, à moins que ne soyez fana de sauternes.

La SAQ et sa cousine ontarienne, la LCBO, sont tout aussi circonspectes devant la cuvée 2007. Même avec beaucoup d'efforts dans la prose des catalogues des deux monopoles, on conclut rapidement que ce millésime ne passera pas à l'histoire.

«La dégustation a été ardue et difficile à cause d'un manque d'homogénéité qualitative (...). Si ce millésime avait été produit il y a 20 ans, il n'aurait sûrement pas survécu au passage du temps, comme ceux de 1984 et de 1987. Aujourd'hui, grâce à des techniques modernes, un style de vinification adapté et des tris sévères, le résultat est dans certains cas, étonnant, même surprenant», écrit Denis Marsan, directeur au développement et à la recherche de produits.

Traduction libre: très mauvaise année. La prose peut améliorer un peu la perception, mais ce qui ne trompe pas, c'est que la SAQ a coupé drastiquement dans son offre de Bordeaux, retranchant même des incontournables classiques, comme le Cheval blanc, le Clos d'Estournel ou le Château Talbot.

Faites les calculs: en 2005, la SAQ avait sélectionné 126 produits dans son opération primeurs; 94 en 2006 et seulement 36 pour les 2007.

La LCBO, de son côté, qui lance toujours plus de produits dans son opération, est passée de 247 en 2005 à 166 pour le cru 2007. Pas de doute, les spéculateurs ne feront pas beaucoup d'argent avec les 2007.

Les prix, heureusement, ont suivi la même courbe, vers le bas, même si certains restent horriblement chers. Parmi les plus grands, le Petrus est passé, de 2005 à 2007, de 1299$ à 850$; le Château Ausone, de 1299$ à 995$. Quelques étages en-dessous, le fiable Sociando-Mallet passe de 65$ en 2005 à un prix plus raisonnable de 59$ en 2007.

Les prix des Bordeaux subissent une correction, certes, mais ses producteurs, du moins certains, ne semblent pas vouloir se corriger de leur avarice. Après tout, peut-on les blâmer, nous sommes encore trop nombreux à faire la queue pour leurs produits, même trop chers, même les mauvaises années.

Justement, le millésime 2007 offre une belle occasion d'aller voir ailleurs. À moins de tenir absolument à sa «verticale» de tel ou tel vin, passez rapidement sur Bordeaux pour explorer d'autres territoires.

C'est un peu ce que la SAQ a fait, le printemps dernier, en lançant une opération «vins du monde», dont il reste peu de produits, mais qui pourrait se répéter s'il y a une demande. Excellente initiative.

Moins de 20$

Bourgogne Faiveley 2005 (Code SAQ: 00966697), 19,80$

Un classique d'une grande maison qui n'a plus besoin de présentation. Le genre de bouteille qui fait aussi bien à l'apéro qu'au repas. Dégusté de nouveau récemment avec une poêlée de fruits de mer et légumes. Juste une touche de fruits, légèrement citronné avec un côté minéral qui assure l'harmonie de l'ensemble.