Plus de cinquante créateurs dévoilent à partir de dimanche leurs collections printemps-été 2009 dans le cadre du programme officiel de la Semaine de la mode de Londres, un rendez-vous qui pourrait être raccourci lors des prochaines éditions à cause des défilés de New York.

Le coup d'envoi a été donné par le styliste irlandais Paul Costelloe avec une collection inspirée par la conquête coloniale de l'Afrique par les Britanniques au 19ème siècle.

Avec comme maîtres mots affichés distinction, classe et sophistication, le créateur a élaboré des silhouettes tout en contrastes associant des pièces structurées d'allure militaire à des vêtements fluides, amples. Il a également concocté de petites robes en lins naturels et soies dorées, parfois ajourées pour souligner délicatement les courbes.

Caroline Charles a ensuite présenté une garde-robe aux parfums d'Europe du sud avec des vacances sur la côte amalfitaine, un mariage à Saint-Tropez et des «fêtes jusqu'à l'aube» en Espagne.

Mais ces créateurs expérimentés riquent de faire les frais de la réorganisation qui s'annonce: la Semaine de la mode de Londres devrait, sauf surprise de dernière minute, être raccourcie à quatre jours au lieu des six actuels. Cela signifie une vingtaine de défilés officiels en moins.

Londres est en passe de perdre le bras de fer qui l'oppose au Council of Fashion Designers of America (CFDA), organisateur des défilés de New York qui se déroulent juste avant la Fashion Week. Une réunion au sommet est prévue mardi dans la capitale britannique avec des responsables des quatre grandes places de la mode, y compris Milan et Paris.

Pour donner davantage de temps à ses stylistes, le CFDA compte décaler ses présentations et empiéter sur le créneau de sa rivale Londres, qui est immédiatement suivie par Milan puis Paris qui refusent de bouger.

Résultat: Londres, qui tente de se rendre plus attractive avec de grands noms comme Vivienne Westwood, Luella Barton, Stella McCartney ou Julien MacDonald, n'aura plus que quatre jours et craint que les fashionistas n'aillent directement de New York à Milan.

«Nous essayons encore de trouver une solution équitable», fait savoir Hilary Riva, directrice executive du British Fashion Council (BFC), qui organise la semaine et représente la profession.

C'est un coup dur pour celle qui a été recrutée il y a trois ans pour redorer le blason britannique. Elle était déjà vivement critiquée pour l'abandon du projet d'exiger des certificats médicaux des mannequins, afin de lutter contre l'anorexie.

Cela pourrait entraîner le retrait de la subvention de plus de 4 millions de livres (5 millions d'euros) que l'Agence du développement de Londres (LDA) verse au BFC. Le nouveau maire de la ville, le conservateur Boris Johnson, aurait prêté une oreille attentive à cette éventualité, selon le quotidien Evening standard.

Selon le BFC, la Fashion Week injecte directement 20 millions de livres (25 millions d'euros) dans l'économie londonienne, car elle attire près de 5.000 acheteurs, journalistes et créateurs du monde entier.

«La Fashion Week de Londres est la plus importante au monde en terme de diversité et de styles différents», a déclaré Harold Tillman, président du BFC. «Vous allez voir les meilleurs nouveaux talents que notre pays a jamais produits», a-t-il indiqué.

Les créations de Vivienne Westwood, Christopher Kane, Giles ou Issa --où Naomi Campbell pourrait défiler-- ou encore Aminaka Wilmont qui a remporté le prix Fashion Fringe en 2007, sont particulièrement attendues.