Le vaccin contre la varicelle sauve une ou deux vies chaque année au Québec, en plus d'éviter une centaine d'hospitalisations, selon une étude américaine. Cette performance est presque aussi bonne que ce qui avait été prévu lors de la mise en place de la vaccination universelle, en 2006.

L'étude des Centres de contrôle de la maladie (CDC), l'équivalent aux États-Unis de la Direction de la santé publique (DSP), tire profit de la longue expérience des épidémiologistes américains dans le domaine. La vaccination universelle contre la varicelle y est en place depuis 1995 et le rappel, depuis l'an dernier.

Les chercheurs des CDC, qui publient leurs résultats dans le dernier numéro de la revue Pediatrics, ont découvert que le nombre de cas a chuté de 2000 à 500 par million d'habitants, le nombre d'hospitalisations de 20 à moins de cinq par million, et le nombre de décès de 0,45 à 0,1 par million d'habitants, entre 1995 et 2005.

Transposés au Québec, ces résultats signifient que le nombre d'hospitalisations a baissé d'une centaine par année et le nombre de décès d'un ou deux par année.

Selon l'auteure principale de l'étude des CDC, Mona Marin, les résultats devraient être transposables au Québec puisque les conditions climatiques et socioéconomiques du Canada et des États-Unis sont semblables.

Une spécialiste de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Maryse Guay, a indiqué que l'étude était «intéressante pour le Québec». Contrairement aux autorités médicales américaines, le Québec ne veut pas enrayer la transmission de la varicelle, mais simplement diminuer le nombre d'hospitalisations, explique la Dre Guay.

Une vérification des données québécoises et américaines montre que le nombre de décès liés à la varicelle avant la vaccination est semblable mais que les hospitalisations dues à la varicelle semblaient être deux fois plus fréquentes au Québec qu'aux États-Unis, avant la vaccination. En 2007, un peu plus de la moitié des enfants québécois étaient vaccinés, contre 80% aux États-Unis.

Selon la Dre Marin, chaque décès évité par le vaccin antivaricelle coûte 109 000$. Au total, si on se fie à l'étude de la Dre Marin, le programme de vaccination québécois ne fait pas tout à fait ses frais. En 2004, l'INSPQ avait estimé que les hospitalisations liées à la varicelle coûtaient entre 2000$ et 10 000$, ce qui signifie des économies de 200 000$ à un million par année avec le vaccin.

La grande inconnue qui demeure est l'efficacité du rappel. La varicelle se distingue des autres maladies enfantines pour lesquelles il existe des vaccins parce qu'elle est beaucoup plus dangereuse après l'adolescence. Plus des deux tiers des décès au Canada, avant l'entrée en vigueur du vaccin, survenaient chez les adultes.

L'an dernier, une étude des CDC avait estimé que les enfants qui ont été vaccinés depuis plus de cinq ans ont 2,6 fois plus de risque d'attraper la varicelle avec des symptômes modérés ou sévères, par rapport à ceux qui sont immunisés parce qu'ils ont eu la maladie. Or, la Dre Marin n'avait pas de données, vendredi, sur la proportion des enfants vaccinés qui ont reçu un rappel. Cela signifie que l'efficacité à long terme du vaccin, au plan de la santé publique, devra être réévalué à l'aune du succès de la politique de rappel.