Des crèmes hydratantes utilisées chaque jour par des millions de personnes augmenteraient le risque de développer des formes courantes de cancers de la peau, selon une étude américaine sur des souris, dont les implications pour l'Homme sont loin de faire l'unanimité.

L'équipe de Yao-Ping Lu et Allan Conney (Université Rutgers, New Jersey), dont les résultats sont publiés jeudi en ligne par le Journal of Investigative Dermatology, qui fait partie du groupe britannique Nature, admet que les effets de ces crèmes hydratantes sur les cancers cutanés humains restent à démontrer.

D'après l'étude, ces crèmes accroissent l'effet cancérogène du soleil, plus précisément des rayons ultraviolets (UV) appliqués sur la peau de rongeurs dénués de fourrure et dont la «peau est plus fine et plus perméable que celles des humains».

Les crèmes testées, après exposition des souris glabres à de très hautes doses d'UV -qui dépasserait l'équivalent des doses d'UV qu'un humain pourrait absorber au cours de sa vie entière, selon certains spécialistes- , ont augmenté en moyenne de 69% la survenue de tumeurs, d'après l'étude.

Mais plusieurs spécialistes, dont les propos sont rapportés par Nature, mettent en garde contre une extrapolation de ces travaux sur la souris à la santé humaine.

Ainsi, le professeur Jonathan Rees de l'université d'Édimbourg estime «extraordinairement improbable que les résultats présentés soient d'une quelconque pertinence clinique».

Pour le professeur Gordon McVie, consultant à l'Institut européen d'oncologie et rédacteur en chef du site ecancermedicalscience.com, cette expérience n'est «pas appropriée» à l'étude de la causalité des cancers de la peau humaine «et ne prouve en aucun cas que les crèmes hydratantes soient des causes de cancer chez l'Homme».

Les cancers de la peau en question, très courants chez l'Homme, ne sont pas des mélanomes, la forme la plus redoutable des cancers cutanés, cause de 1000 morts par an en Grande-Bretagne (France: 1440 décès en 2005). Il s'agit en effet de lésions que l'on peut pour la plupart aisément enlever et qui ne menacent généralement pas la vie du sujet.