Deux hommes âgés sur trois y pensent souvent et presque autant sont encore bien actifs dans ce domaine: selon une vaste étude sociologique américaine, l'âge n'émousse guère l'intérêt sexuel, surtout chez les hommes.

Quelque 68% des hommes âgés de 57 à 85 ans sont actifs sexuellement ainsi que 43% de femmes, affirme une étude de l'Université de Chicago, parue dans la livraison d'août du Journal of Sexual Medicine, qui a scruté la vie sexuelle de 3000 personnes âgées, en 2005 et 2006.

La moindre activité sexuelle des femmes de 57 à 85 ans s'expliquerait d'abord par le fait que beaucoup d'entre elles sont veuves ou bien que leur mari est plus âgé et moins actif, a expliqué à l'AFP le professeur de sociologie Edward Laumann, qui a dirigé la recherche. Quelque 70% des femmes de 70 ans par exemple n'ont pas de partenaires, contre 35% des hommes du même âge.

Chez les hommes âgés 57 à 85 ans, 27,7% disent manquer d'intérêt pour le sexe. Et cet intérêt ne semble pas décroître avec l'âge, au contraire: âgés de 57 ans à 64 ans, ils sont 27,8% à dire ne plus s'intéresser au sexe mais lorsqu'ils sont âgés de 75 à 85 ans, ils ne sont plus que 24,4% à être dépourvus d'intérêt.

«Cela veut dire inversement que 73% des hommes y pensent encore ! Cela veut dire que tout n'est pas fini après 50 ans et qu'il y a de l'espoir», a commenté le chercheur.

Les femmes ont souvent moins d'intérêt pour le sexe (43,3%) que les hommes et 23% n'y trouvent plus de plaisir.

«Les difficultés sexuelles des femmes relèvent en fait assez peu de l'âge. Elles dépendent plus des problèmes de santé (surpoids, diabète), de stress ou d'état de la relation», a précisé l'auteur de l'étude.

Pour les hommes, 37% ont des problèmes d'érection, seul souci qui augmente de façon significative avec l'âge (30,7% entre 57 et 64 ans et 44% entre 75 et 85 ans). 27% sont anxieux de leur performance (contre 11% pour les femmes).

«La santé sexuelle constitue une part très importante de la qualité de la vie et peut être affectée par trois types de facteurs: la santé physique, la santé mentale et les qualités de la relation entre les partenaires», a indiqué M. Laumann.

Des maladies comme le diabète, les accidents cardiovasculaires, la dépression ou les pathologies urinaires sont autant d'obstacles à la sexualité sans compter les médicaments correspondants qui ont souvent des effets secondaires sur la libido, a noté le chercheur.

Quelque 14% des hommes de cette tranche d'âge ont recours à des stimulants sexuels, comme le Viagra.

Chez les femmes, de bonnes relations avec le partenaire sont primordiales pour éviter d'avoir des difficultés sexuelles tandis que pour les hommes il est important de souvent penser au sexe, pour stimuler cette activité.

«La fréquence à laquelle vous pensez au sexe est une excellente mesure de la libido. Si vous y pensez une fois par semaine seulement, ce qui est très rare pour les hommes, cela double vos chances de ne pas avoir d'intérêt pour la chose sexuelle», a expliqué M. Laumann.

Pour les femmes uniquement, une consommation modérée mais quotidienne d'alcool semble aider la sexualité, ce qui ne serait pas le cas pour les hommes, ni pour les femmes plus jeunes, selon l'enquête.

«Cette étude montre que nous devons prêter davantage attention au fait que l'activité sexuelle continue d'être une possibilité à un âge avancé. C'est un facteur très important du bonheur personnel, de la satisfaction émotionnelle et physique, de la qualité de la vie», a conclu le chercheur.

Un problème dans l'activité sexuelle peut aussi être un signe avant-coureur d'un autre souci de santé. «C'est comme le canari des galeries minières», qui prévient du coup de grisou, note-t-il.