Avant de partir en vacances, le quart des Québécois glissent dans leurs valises quelques dossiers du boulot ou pire encore, leur éternel BlackBerry, révèle un sondage CROP que La Presse a obtenu en exclusivité.

La tendance à prendre de longs week-ends de trois ou quatre jours toute l'année plutôt que des semaines entières de congé à l'été est aussi en hausse au Québec.

Un quart des travailleurs affirment devoir travailler pendant leurs vacances, indique le sondage commandé par l'Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec (ORHRI).

Consulter ses courriels, répondre aux urgences, lire des documents ou carrément se rendre disponible pour le travail sont quelques-unes des pratiques auxquelles se livrent les bourreaux de travail en vacances. La tendance est plus marquée chez les travailleurs plus scolarisée (37 %) et chez les non-francophones (39 %).

Le premier responsable serait le BlackBerry, de plus en plus populaire chez les travailleurs. Le désir de bien paraître au boulot serait aussi au nombre des coupables.

Près du tiers des répondants au sondage croient que travailler alors qu'ils sont officiellement en congé est valorisé dans leur milieu de travail. La moitié d'entre eux affirment avoir l'impression que leur employeur s'attend à ce qu'ils travaillent ou soient disponibles pendant leurs vacances.

La tendance est pernicieuse, déplore Florent Francoeur, président de l'ORHRI. «Certains travailleurs peuvent se sentir coupables de laisser du travail en plan, avoir peur d'être débordés au retour ou désirer bien paraître auprès de leur employeur en travaillant pendant leurs vacances», indique-t-il.

«C'est une pratique à éviter. Il est important pour la santé physique et mentale de s'accorder du temps pour décrocher réellement du travail. Sans compter que cela a aussi une influence positive sur la productivité», ajoute-t-il.

De longs week-ends

Près d'un travailleur québécois sur deux (42 %) estime que la tendance à prendre de longs week-ends plutôt que des semaines entières de vacances est en hausse dans les entreprises, selon un autre sondage commandé par l'ORHRI.

Une tendance que déplore Florent Francoeur. «Il est prouvé scientifiquement que pour se reposer et décrocher au niveau physique et psychologique, le minimum qu'on peut prendre, c'est deux semaines de vacances.»

M. Francoeur croit qu'il y a plusieurs avantages à prendre plus d'une semaine de congé. Notamment pour la famille et la santé. «C'est aussi un des seuls moments de l'année où on est capable de décrocher. C'est le bon moment pour faire le point au niveau professionnel.»

«Est-ce que je travaille trop ? Qu'est-ce qui me motive dans mon travail ? Vers quoi je m'en vais ?» sont de bonnes questions à se poser, estime M. Francoeur.

Quelques trucs

Afin de bien planifier les vacances et réussir à décrocher «pour de vrai», Bruno Gendron, vice-président chez Workopolis, fait quelques suggestions.

Il est important de prendre congé au moment le plus approprié pendant l'été, par exemple lorsqu'il y a moins d'activité au bureau. L'employeur devrait ainsi rendre le calendrier des vacances disponible à tous les employés.

Il est aussi suggéré d'informer les clients afin que les dossiers ne tombent pas «dans le vide». Les dossiers prioritaires devraient être délégués aux bonnes personnes.

Finalement, avertir la réceptionniste qu'on n'est pas disponible.

«Arrêtez de vous sentir indispensable ! Les cimetières sont remplis de gens indispensables», conclut Florent Francoeur.