La première année d'un premier enfant peut coûter jusqu'à 10 000$, voire davantage, selon l'enthousiasme des parents. Mais la facture peut être ramenée sous le seuil des 1500$, si débrouillardise et réseau se conjuguent.

Le premier bébé d'Anne-Marie Millaire lui a coûté moins de 1000$ la première année. Toutes dépenses incluses, ou presque. Un exploit.

Mais un exploit qui allait de soi et qui s'est réalisé sans contrainte pour cette conseillère budgétaire à l'ACEF de l'Est de Montréal, bachelière en administration.

«C'est le réseau qui a permis que ça nous coûte si peu cher», explique la mère de deux jeunes enfants. Le mobilier lui a été prêté en bonne partie. L'équipement - poussette, chaise haute, siège d'auto, etc. - lui a pour l'essentiel été donné, en cadeau ou d'occasion, ou prêté. Même programme pour les vêtements. «Mon mari m'a dit un jour qu'il avait fait une folie et qu'il avait acheté un chandail pour notre enfant, raconte-t-elle en riant. On n'en avait pas besoin...»

Les couches? «J'ai acheté des couches en coton pour 300$», répond-elle.

Pour la nourriture, la recette est vieille comme l'espèce humaine: l'allaitement maternel permet d'économiser 160$ par mois en regard du lait maternisé. Parvenue à l'étape des aliments solides, Anne-Marie Millaire a préparé elle-même les purées, ce qui ne coûte pratiquement que l'effort qu'on y met.

Elle inclut dans son total de 1000$ les produits d'hygiène et de soins comme la pommade pour popotin ZincoFax, mais les marques maison font tout aussi bien l'affaire, suggère-t-elle.

Elle n'a cependant pas tenu compte des coûts indirects, comme la réduction de salaire durant le congé parental. Elle n'a pas non plus estimé l'augmentation des coûts de l'énergie: «Je chauffais davantage la salle de bains et j'ai vu le coût de l'électricité augmenter», reconnaît-elle.

Il y a des limites aux plus nobles vertus budgétaires et le couple a préféré acheter les premières chaussures de son garçon. «On peut se permettre le plaisir du neuf, mais pas à grande échelle», dit Anne-Marie Millaire. «Il faut se poser la question: est-ce que j'en ai vraiment besoin? On peut essayer un article emprunté avant d'acheter.»

Les articles de seconde main doivent cependant être encore en bon état et répondre aux normes actuelles de sécurité. Ainsi, prévient l'ACEF de l'Est, un siège de voiture doit avoir été fabriqué il y a moins de 10 ans et porter le sceau de conformité du fabricant et de Transport Canada.

Mais même avec des produits neufs, il y a moyen de limiter les dépenses. L'ACEF de l'Est vient tout juste de donner naissance à la nouvelle version de son guide Un bébé à bas prix pour parents avertis, un outil fort utile pour planifier l'arrivée d'un premier enfant. Selon les prix minimum qui y sont relevés, les dépenses relatives au matériel de base du parfait parent peuvent se résumer à 2200$.

Combien vous coûte le cher enfant?

La réponse est dans la question: cher. Mais pour accoucher d'un chiffre précis, des générations de démographes et d'économistes ont sué sang et eau.

Élever une fille jusqu'à l'âge adulte coûte plus cher qu'un garçon. Exactement 423$ de plus. Rien pour justifier une diète pro-garçon à l'étape de la conception...

Selon une étude réalisée en 2004 pour le ministère de l'Agriculture du Manitoba, une fille de 18 ans aura coûté 166 972$ à ses parents. Un garçon ne leur soutirera que 166 549$.

Pour en arriver à des chiffres aussi précis, les auteurs ont estimé les coûts associés aux principaux postes budgétaires et les ont ventilés en fonction de l'âge de l'enfant.

Durant les années préscolaires, le chérubin coûte à ses heureux parents environ 10 000$ par année. Les dépenses chutent à leur minimum au moment de l'entrée au secondaire (6900$), pour remonter graduellement jusqu'à 18 ans (7500$).

Cette étude contient quelques données distrayantes: dès l'âge de 1 an, il faudra dépenser davantage en vêtements pour la fillette que pour son frère. À partir de l'adolescence, ses parents devront lui consacrer presque deux fois plus en soins personnels. Mais les garçons feront davantage sonner la caisse dès le début du primaire, grâce à un estomac plus logeable.

Outre que ses chiffres ne tiennent pas compte des garderies québécoises subventionnées, cette méthode néglige un paramètre important: «Le coût d'un enfant varie en fonction du revenu des parents», énonce Pierre Lefebvre, professeur en sciences économiques à l'UQAM. Plus le salaire augmente, plus on dépense pour son rejeton.

Autre élément négligé: le deuxième enfant, grâce aux économies d'échelle, coûte moins cher que le premier.

Une autre méthode de calcul prend ces facteurs en compte. Les échelles d'équivalence comparent les revenus nécessaires à des ménages sans enfant et avec enfants pour maintenir le même train de vie. La différence représente le coût de la progéniture.

La littérature sur le sujet montre que la proportion du revenu total consacré à un premier enfant varie entre 16 et 24%, relève Pierre Lefebvre. Dans une des dernières études canadiennes réalisées sur le sujet, en 1998, Shelley Phipps a estimé qu'un premier enfant accapare 15,5% du revenu familial. Il faut 28% pour deux enfants et 38% pour trois enfants.

Cette méthode est utilisée pour calculer les pensions alimentaires versées aux enfants - mesure intéressante pour estimer combien ils coûtent.

Avec quelques ajustements, la table de fixation des contributions parentales du ministère de la Justice du Québec nous apprend qu'une famille dont le revenu brut est de 80 000$ dépense 9900$ pour un enfant et 15 500$ pour deux enfants, soit 12% et 19% du revenu familial.

Beaucoup de chiffres? Le Conseil de la famille et de l'enfance a fait une compilation des diverses études. «Nous avons établi une fourchette plutôt qu'un coût fixe, expose la secrétaire générale Isabelle Bitaudeau. Elle se situe entre 7500$ et 10 000$, ce qui semblait recueillir le plus grand consensus.»

Sur une période de 18 ans, en dollars constants, il faudra ainsi dépenser entre 135 000$ et 180 000$ pour élever un enfant. Lequel, bien entendu, n'a pas de prix.

Allez au moins chercher tout ce que le fisc vous offre!

Les camps de vacances s'achèvent. La rentrée scolaire approche. Les deux peuvent vous procurer des déductions fiscales pour vos enfants. Mais il ne faut rien laisser échapper.

«Plus les parents connaissent les règlements, plus ils peuvent maximiser les crédits fiscaux», énonce Aurèle Courcelles, expert en panification fiscale et financière au Groupe Investors.

Les frais doivent avoir été payés à un service de garde, y compris à domicile, pour des enfants de moins de 16 ans.

Au Québec, la contribution réduite de 7$ versée aux garderies subventionnées, aux centres de la petite enfance et aux services de garde scolaire n'est pas admissible. Elle l'est toutefois au fédéral. Néanmoins, même au Québec, les frais d'inscription, d'ouverture de dossier, ou de réservation de place peuvent être inclus dans les frais de garde. «Les frais de 14$ par jour payés pour le service de garde en milieu scolaire subventionné pendant la semaine de relâche sont admissibles, autant au fédéral qu'au provincial», rappelle Aurèle Courcelles.

Les pénalités de retard, les frais supplémentaires pour les sorties ou les journées pédagogiques, les activités parascolaires payantes liées au service de garde de l'école pourraient également être admissibles dans certaines conditions.

Les frais payés aux camps de jour, colonies de vacances et autres centres de loisir municipaux durant les vacances scolaires pourront normalement être déduits. «En cas de doute, conservez tous les reçus que vous croyez rattachés à des frais de garde», insiste Aurèle Courcelles.

Plusieurs enfants? C'est le total qui compte!

Le plafond des frais admissibles est fixé à 10 000$ pour chaque enfant de moins de 7 ans, et à 7000$ pour ceux de 7 à 15 ans.

Mais aux yeux du fisc, rappelle Aurèle Courcelles, c'est le total des frais qui compte, indépendamment des sommes payées pour chaque enfant. Un exemple: vous avez deux enfants de 9 et 5 ans. Vous pourriez déduire le maximum de 17 000$, même si les reçus se distribuent à raison de 5000$ pour l'aîné et 12 000$ pour le cadet.

«Il faut inscrire tous les enfants de moins de 16 ans, même ceux pour lesquels on n'a pas payé de frais de garde», recommande M. Courcelles.

Choix du conjoint

Quel conjoint doit déclarer les frais de garde? Au Québec, c'est le revenu du ménage qui détermine le crédit remboursable auquel les frais de garde donnent droit. Que ce crédit soit demandé par un conjoint ou l'autre ne change rien, et c'est pourquoi on vous accorde généreusement cette latitude.

Au fédéral, la déduction est obligatoirement calculée sur la base du revenu le moins élevé. À une (importante) exception près: si le conjoint qui a le revenu le moins élevé poursuit des études ou est touché d'une affection qui l'empêche de prendre soin des enfants, le conjoint au revenu le plus élevé peut demander la déduction pour frais de garde.

À ne pas oublier...

Les frais engagés pour les activités physiques et sportives des enfants donnent droit à un crédit de 15% sur les frais admissibles d'un total de 500$. Conservez le moindre de vos reçus, vous poserez des questions sur l'admissibilité plus tard.

Enfin, n'oubliez pas de conserver tous les reçus des frais médicaux engagés pour votre enfant (partie non remboursée des médicaments prescrits, verres correcteurs, soins d'orthodontie, location de béquilles, etc.)

À CONSULTER:

Pour le fédéral, le bulletin d'interprétation IT 495R3 Frais de garde d'enfant, (www.cra-arc.gc.ca/F/pub/tp/it495r3)

Au Québec, le dépliant IN-103 Le crédit d'impôt remboursable pour frais de garde d'enfants (www.revenu.gouv.qc.ca/fr/publications/in/in-103. asp)