Une étude révèle que les femmes qui étaient enceintes au moment de la tempête de verglas de 1998, au Québec, ont mis des enfants au monde chez qui, à l'âge de 5 ans et demi, on a décelé un certain retard de développement.

«Nos résultats démontrent que les enfants issus de mères ayant vécu beaucoup de stress ont obtenu une note de quotient intellectuel de dix points moins élevée et des performances linguistiques plus faibles que ceux dont les mères avaient vécu moins de stress», signalent dans leur étude les chercheurs montréalais David Laplante et Suzanne King, de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Cette étude sera publiée dans l'édition de septembre du Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry.

Les chercheurs soumettent l'hypothèse que des désastres naturels comme une tempête de verglas, un tsunami et un ouragan peuvent avoir un impact sur la santé humaine et que cet impact peut s'observer bien après la reconstruction des maisons, des routes et le retour de l'électricité.

Mme King s'attendait à ce que les effets du stress ressenti par les femmes enceintes au cours de l'épisode du verglas s'atténueraient à l'âge préscolaire, «mais ça ne semble pas être le cas», indique-t-elle.

Pour mener leur étude, les chercheurs ont recueilli des informations auprès de 178 femmes enceintes au cours de la crise du verglas et ils ont par la suite évalué 89 enfants de ces familles. L'évaluation a porté sur leur développement physique, cognitif et comportemental. Ils ont trouvé que les bébés nés de femmes enceintes ayant été exposées à un haut niveau de stress présentaient, de façon significative, de moins bonnes aptitudes langagières ainsi qu'une plus faible intelligence verbale.

Aux yeux du directeur scientifique du Douglas et de l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada, Rémi Quirion, le type de recherche menée par David Laplante et Suzanne King a le mérite de fournir «de nouvelles connaissances sur les processus biologiques et socioculturels déterminant les troubles neurologiques, psychologiques et de toxicomanies».

Selon le docteur Laplante, il s'agit de la toute première étude à évaluer les effets à long terme du stress maternel, vécu lors de cataclysmes, sur le développement cognitif des enfants.