Moins de morts, plus de malades traités, une épidémie mondiale stable après le pic de la fin des années 1990: le dernier rapport annuel de l'Onusida est porteur d'espoir, mais les gouvernements doivent continuer à investir dans le traitement et la prévention de la maladie, l'espérance de vie des patients s'allongeant.

«Nous avons fait plus de progrès dans les cinq ans qui viennent de passer que dans les 20 années qui ont précédé», souligne Peter Piot, directeur exécutif de l'agence onusienne. «Mais relâchons nos efforts maintenant, et ça sera un désastre. Cela effacera tous nos investissements passés.»

Selon le rapport publié en amont de la conférence internationale de Mexico sur le sida, on recense 33 millions de cas de Sida dans le monde. Le chiffre antérieur de 40 millions a été révisé l'an dernier du fait du changement dans la façon de les compter.

Les pays d'Afrique sub-saharienne, notamment l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland, restent au centre de l'épidémie. La région compte 67% de la population infectée et 72% du total des morts.

En dehors de l'Afrique sub-saharienne, le sida touche plus fréquemment les usagers de drogue, les hommes homosexuels et les prostitué(e)s.

Les officiels estiment que 2 millions de personnes sont mortes du sida l'an dernier, contre 2,2 millions en 2005.

L'évolution la plus importante porte sur le traitement: le nombre de personnes recevant un traitement anti-sida a été multiplié par dix ces six dernières années, passant de 300 000 personnes en 2003 à 3 millions en 2007. Par ailleurs, les médicaments sont moins chers et plus disponibles grâce aux programmes publics et privés.

Mais des millions d'individus n'ont toujours pas accès à ces médicaments, et ceux qui en bénéficient en auront besoin longtemps pour rester en vie. De plus, des millions de nouveaux cas de Sida sont toujours répertoriés chaque année, selon l'Onusida. Le nombre d'infections au HIV augmente ainsi dans plusieurs pays comme la Chine, l'Allemagne, l'Indonésie, la Russie ou la Grande-Bretagne.

Une meilleure nouvelle toutefois: le nombre total de nouveaux cas est passé de 5 millions par an au début des années 2000, à environ 2,7 millions en 2007.

Cependant, le rapport, fondé sur les données officielles de 147 pays, n'exclut pas de nouvelles vagues d'infections. Selon l'agence, il est difficile de prévoir la survenue éventuelle d'un nouveau pic épidémique. Baisser la garde serait donc catastrophique.

La semaine dernière, le gouvernement américain a multiplié par trois la somme qu'il compte consacrer à la lutte contre le sida et autres maladies, pour la porter à 48 milliards de dollars pendant cinq ans.

Pour Selona Lo, coordinatrice médicale de Médecins sans frontière, le recul trop lent des décès du Sida montre la nécessité de changer de stratégie. Reste à convaincre les gouvernements qui, selon Elisabeth Pisani, ancienne épidémiologiste de l'Onusida, n'en font pas assez pour la prévention notamment, en particulier pour «les toxicomanes, les travailleurs du sexe et les hommes gais».