Il est possible de transformer en jeu la dégustation à l'aveugle, toujours si instructive. Mais, naturellement, il y a plusieurs façons de le faire.

La situation la plus courante est celle où deux personnes (deux amis, un couple, etc.) dégustent ensemble le même vin.

L'une de ces deux personnes a servi le vin en question et sait donc de quel vin il s'agit, l'autre déguste à l'aveugle.

À moins de tomber pile et de découvrir en un éclair quel vin il a dans son verre, comme cela arrive, celui qui déguste à l'aveugle y va par tâtonnements. Impossible de faire autrement !

Il cherche d'abord à découvrir si ce vin provient d'Europe ou du Nouveau Monde, puis, plus précisément, de quel pays, ensuite avec quel, ou quels cépages il a été élaboré, s'il est boisé ou non, etc. - mais le tout pas forcément dans cet ordre.

Ainsi, les saveurs très mûres, presque sucrées, d'un vin rouge le porteront à croire qu'il provient d'un pays chaud, du Nouveau Monde, tel que l'Afrique du Sud, l'Australie, etc.

À chaque pas qu'il fait -si je puis dire-, chaque fois qu'il veut affirmer quelque chose, il le fait de vive voix et en informe donc celui ou celle qui sait.

«D'après moi, dira-t-il par exemple, on est en Afrique du Sud.»

En réponse, et bien sûr sans mentir, l'autre doit obligatoirement lui dire s'il a raison ou s'il est dans l'erreur.

«On n'est pas en Afrique du Sud», ou «on est en Afrique du Sud», répondra-t-il selon le cas.

Et ainsi de suite jusqu'à ce que le dégustateur qui, au départ, ne connaissait du vin que sa couleur ait réussi à l'identifier, ou donne sa langue au chat !

Autre situation courante, et plus amusante encore : il y a plusieurs dégustateurs, mais un seul du groupe qui connaît l'identité du vin et qui se trouve à être ainsi le meneur du jeu.

En pareil cas, et à chaque étape du jeu, ce dernier invite chacun des autres à se prononcer.

«Ancien monde ou Nouveau Monde?», leur demandera-t-il ainsi.

Chacun y va de son hypothèse, après quoi le meneur indique quel est celui ou ceux qui ont raison.

S'ils se sont tous trompés, par exemple sur le pays d'origine du vin, il le leur dit pareillement.

Et ainsi de suite encore une fois, tant que quelqu'un n'a pas trouvé quel vin ils ont dégusté. Ou que tous y aient renoncé comme cela se produit lorsqu'il s'agit de vins très peu connus ou d'origine inattendue.

Un jour, il y a de cela quelques années, quelqu'un servit de la sorte un vin rouge de Cabernet Sauvignon, de l'Inde, qui avait été élaboré par le célèbre oenologue bordelais Michel Rolland, à un groupe d'une demi-douzaine de dégustateurs, dont j'étais.

Personne, comme on peut l'imaginer, n'en trouva l'origine !

Enfin, rien n'empêche de compliquer le jeu un peu plus. Par exemple en additionnant le nombre d'hypothèses qui auront été émises jusqu'à la découverte de l'identité du vin.

Ou alors, surtout s'ils ont été incapables d'en découvrir l'origine, le meneur invite les autres dégustateurs à se prononcer sur le prix du vin qu'ils ont goûté. Cela, souvent, réserve des surprises...

Même chose si les dégustateurs ne sont que deux -celui ou celle qui sait peut inviter l'autre à dire combien, à son avis, coûte le vin en question.

Bref, il n'est pas interdit de s'amuser !

Un sancerre

Comment font-ils ?

Encore une fois dans ce nouveau millésime, lequel succède au 2005, le Sancerre 2006 Domaine La Moussière que produisent Alphonse Mellot et son fils, de la Loire, est un magnifique vin, au boisé aussi discret que subtil, fin, d'une rare élégance, avec lui aussi, comme tant de vins blancs, un reste de gaz carbonique qui en exalte les saveurs. Excellent -on s'incline-, et le prix est largement mérité.

C, 33480, 26,30 $, ****, $$ 1/2, 2007-2012

Est-il meilleur ou du moins aussi bon que le 2005 qu'on voit encore sur les tablettes et qui fut une très grande réussite?

Sans les avoir dégustés côte à côte, il me semble, de mémoire, que le 2005 avait un petit quelque chose de plus -un surcroît de distinction, dirais-je, quoique c'était lui aussi, comme le 2006, un vin tout en finesse. Mais... il est possible que je me trompe.

DES VINS BLANCS

Même si les grandes chaleurs ne sont pas encore au rendez-vous, les vins blancs nous semblent déjà plus alléchants à l'approche de l'été.

Exemple, et vendu à très petit prix, le Mendoza 2006 Fuzion, d'Argentine, nouvellement inscrit au répertoire général, et qui bénéficiera manifestement de la très grande notoriété du vin rouge commercialisé sous la même marque (164 000 caisses de ce vin ont été vendues au Québec en 2006).

Vin blanc d'une couleur or pâle à reflets verdâtres, son bouquet, d'ampleur moyenne, est net, passablement aromatique, au point même qu'on a l'impression qu'il a été fait, du moins en partie, avec du Muscat ou du Viognier. Mais c'est en fait un vin de Chenin blanc (70 %) et de Torrontés (30 %), plutôt léger, aux saveurs mûres, relevées par un peu de gaz carbonique et renfermant une certaine quantité de sucre résiduel (5,9 grammes par litre). Simple et facile, il fera entre autres un bon apéritif.

C, 10754199, 8,20 $, **, $, 2007.

Vin blanc de Californie celui-là, le California 2005 Big House White Ca' del Solo, de couleur or fin, un peu plus coloré que le précédent, également non boisé, au bouquet discrètement aromatique, est lui aussi un vin peu corsé, plutôt léger, et sec, à servir également à l'apéritif ou avec un poisson ou des fruits de mer. Fort bon, mais cher, c'est une véritable salade de fruits puisqu'il est fait avec un assemblage de... huit cépages différents, dont surtout du Sauvignon blanc (35 %) sans que celui-ci domine.

S, 10354005, 17,95 $, **, $$, 2007.

Un peu plus cher, l'Alsace 2004 Muscat Cuvée Diane, au bouquet bien typé Muscat et de bonne ampleur, est nettement plus aromatique, quoique sans excès. Vin de corps moyen avec un après-goût qui dure un bon moment, c'est lui aussi un vin sec, puisqu'il ne contient que 2,9 grammes de sucre résiduel par litre (jusqu'à 4 grammes, les vins sont jugés secs). Enfin, il rappelle en bouche les vins de Viognier et pourra fort bien accompagner lui aussi les poissons et les fruits de mer, de même que les sushis.

S, 456251, 20,25 $, ***, $$ 1/2, 2007-2008.

Vin rouge portugais, le Dao 2003 Meia Encosta, de couleur rouge clair, moyennement corsé, assez tannique, ferme, et aux arômes à la fois de fruits cuits et de fruits rouges, avec également des notes de cuir, nuancé, donc, a vu son prix reculer récemment à 10,25 $, contre 14,85 $ précédemment. Élaboré avec pas moins de quatre cépages, dont de la Touriga Nacional, il est élevé par la suite partiellement en cuves et partiellement en fûts de chêne français pour une période d'environ cinq mois. Rien de grandiose, mais c'est en même temps un vin tout à fait correct, surtout à pareil prix. Le millésime 2005, qu'on dit supérieur, devrait apparaître sous peu.

C, 250548, 10,25 $, ** 1/2, $, 2007-2009.

La recommandation de la semaine

Dégustés pour vous

Vinho Regional Terras Do Sado 2004 Periquita. Vin rouge portugais vendu depuis fort longtemps sur notre marché, élaboré avec surtout un cépage de ce pays (85 % de Castelao, aussi connu sous le nom de Periquita), de couleur un peu orangée, aux arômes de fruits cuits, avec aussi une nuance comme médicamenteuse. Au plus moyennement corsé, légèrement boisé, il est peu tannique, avec des arômes de fruits cuits qui dominent. Très correct pour le prix.

C, 25262, 12,15 $, **, $ 1/2, 2007-2008.

Vacqueyras 2005 Les Christins Perrin & Fils. Superbe vin rouge de la vallée du Rhône, de Grenache (75 %) et de Syrah (25 %), d'un beau rouge soutenu, au généreux bouquet de fruits rouges relevé de notes épicées-boisées. Dense, corsé, ses tannins sont un peu rudes, et il a tout ce qu'il faut pour se mesurer à des Châteauneufs-du-Pape. Du solide, et à prix raisonnable compte tenu du niveau qualitatif de ce vin.

S, 872937, 22,80 $, *** 1/2, $$ 1/2, 2007-2010.

Autre très beau vin du Rhône, le Costières de Nîmes 2004 Château Mas Neuf, qui est élaboré avec lui aussi de la Syrah et du Grenache, mais également du Mourvèdre, au bouquet ample, qu'accompagnent des notes boisées-épicées, dans lequel le Grenache m'a semblé dominer, est un vin assez corsé, mais moins que le Vacqueyras, avec dans ce cas des tannins plus ronds, enrobés. Savoureux.

S, 914325, 21,40 $, ***, $$ 1/2, 2007-2009.

California 2005 Sangiovese Ca' del Solo. Vin rouge de Californie, principalement de Sangiovese, bien coloré et au bouquet large, alléchant, de fruits rouges et comme de prunes bien mûres. Corsé, charnu, avec ce côté un peu sucré (sweet fruit, disent les Australiens) des vins provenant des climats chauds, ses tannins sont fermes sans être durs. Très -très- bon.

S, 10268431, 23,70 $, *** 1/2, $$ 1/2, 2007-2010.

NOTATION DES VINS

* - correct ** - bon *** - très bon **** - excellent ***** - exceptionnel

Plus d'étoiles que de $, le vin vaut largement son prix

Autant d'étoiles que de $, le vin vaut son prix

Moins d'étoiles que de $, vin cher ou même très cher.