Bordeaux dans la tourmente, comme le veut la rumeur dans le milieu québécois du vin? Oui, mais cela ne concerne que les blancs...

Vignoble choyé par le consommateur québécois, le Bordelais voit en effet progresser ses ventes de vins rouges (+ 9,3% en volume au cours de la dernière année), alors que celles de bordeaux blancs, tout au contraire, ont chuté de 15%.

Comment expliquer ce recul des bordeaux blancs, alors que les ventes de plusieurs autres vins blancs français augmentent? Pour l'instant, cela reste une énigme.

«Ça semble un cas isolé, indique en effet la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard. Parce que les ventes de bourgognes blancs, des blancs du Val de Loire, du Languedoc, etc., augmentent.»

Au cours des 52 dernières semaines, soit de la mi-août 2006 à la mi-août 2007, les ventes de bordeaux blancs ont ainsi reculé à 73 701 caisses de 12 bouteilles standards (-15%), tandis que celles de bordeaux rouges ont grimpé à 384 000 caisses (+9,3%).

«Les bordeaux rouges suivent la tendance globale», note la porte-parole de la SAQ.

Car le Québec boit surtout rouge. Sur quatre bouteilles vendues, en effet, trois sont des bouteilles de vin rouge (73,5% exactement selon les données de la SAQ portant sur l'exercice 2006-2007).

«Le bordeaux rouge, c'est le vin de référence», explique pour sa part un représentant d'une agence montréalaise.

Selon les statistiques compilées par la société d'État à la demande de La Presse Affaires, les ventes de bordeaux blancs ont aussi diminué en valeur, naturellement, de 13% à 13 357 000 dollars, toujours sur la dernière année. À l'inverse, la valeur des ventes de bordeaux rouges a progressé de 10% à 95 651 000$.

Les statistiques réunies par une grande agence comptant dans son portefeuille plusieurs centaines de vins de spécialité (commercialisés dans un nombre limité de succursales), mais portant celles-là sur l'année civile jusqu'ici (1er janvier au 15 septembre) vont dans le même sens.

Recul de 15% du volume des ventes de bordeaux blancs, alors que celles de bordeaux rouges progressent de tout près de 10%.

Phénomène curieux que signale un de ses cadres: ce sont les ventes de bordeaux rouges de spécialité (commercialisés dans un nombre limité de succursales) qui, d'après ces données, poussent à la roue, puisque celles de bordeaux rouges du répertoire général sont pour leur part en hausse de 4,4% seulement.

La SAQ, comme on sait, est le plus important acheteur unique de bordeaux sur la planète.

Rien de très étonnant, quand on sait que le Québec consomme à lui seul environ 70% de tout le bordeaux commercialisé au Canada.

«Parmi les dix appellations de vin rouge les plus populaires au Québec, six sont françaises (bordeaux, Coteaux-du-Languedoc, Brouilly, Côtes-du-Rhône, Corbières et Cahors», signale la SAQ dans un document (Tendances) publié en même temps que son plus récent rapport annuel.