De faibles doses d'hormone de croissance, plus connue pour son utilisation illicite chez les athlètes, peuvent aussi traiter certaines complications du sida, au risque cependant d'effets secondaires, selon une nouvelle étude américaine.

Publiée dans le Journal de l'Association médicale américaine (JAMA) alors que se déroule la 17e conférence mondiale sur le sida à Mexico, l'étude souligne que l'injection d'une faible dose d'hormone de croissance humaine réduit les dépôts de graisse qui se trouvent autour des organes situés dans l'abdomen.

Les patients séropositifs développent souvent des dépôts de graisse et présentent un taux de cholestérol, de triglycérides et de sucre dans le sang trop élevés, ce qui les expose à des pathologies cardio-vasculaires. Selon les médecins, ces pathologies sont la conséquence des médicaments anti-sida et d'un système immunitaire défectueux, conséquence de l'infection.

Les médicaments peuvent traiter une partie de ces complications mais les dépôts graisseux, qui peuvent toucher d'autres parties du corps, sont plus difficiles à réparer, même si un régime diététique et beaucoup d'exercice physique y contribuent.

Les résultats de l'étude soulignent que, «sans être la panacée», l'hormone de croissance pourrait servir aux patients VIH souffrant d'une accumulation de graisses abdominales et d'un taux de sucre dans le sang normal, a estimé le co-auteur de l'étude, le Dr Steven Grinspoon, Massachusetts General Hospital.

Bien que peu d'effets secondaires surviennent à faible dose, le Dr Jeffrey Lennox, spécialiste du sida, Emory University, a jugé les résultats «décevants». Selon lui, ces faibles doses hormonales ne servent qu'à traiter les anomalies lipidiques liées au sida.

L'étude inclut 55 patients séropositifs qui possèdent aussi un faible taux d'hormone de croissance, un état relativement fréquent parmi les patients VIH souffrant de dépôts graisseux anormaux. La moitié d'entre eux ont reçu quotidiennement des injections d'hormone, les autres un placebo pendant 18 mois.

Les formes industrielles d'hormone de croissance humaine sont utilisées par quelques athlètes, body-builders et amoureux de l'anti-âge qui s'en servent pour gonfler leurs muscles et perdre leur graisse. Mais sa seule indication reste médicale: la fonte musculaire des patients VIH et les maladies de la croissance.

EMD Serono InC. a fourni l'hormone pour l'étude financée par les Instituts nationaux de santé. Le Dr Grinspoon a travaillé comme consultant pour Serono. Lui et ses collègues avaient déjà mené des études similaires avec des doses d'hormone de croissance humaine plus importantes. Mais les risques, notamment d'oedèmes tissulaires, étaient plus importants que les bénéfices.