À compter de ce soir, les Montréalais doivent à tout prix éviter de se présenter aux urgences de l'Hôtel-Dieu. L'appel à l'aide lancé cette semaine par la direction du CHUM n'a pas reçu la réponse tant attendue. Une vingtaine de quarts de travail n'ont pu être comblés pour le mois de juillet, ce qui pourrait forcer la fermeture du service pour quelques nuits.

«Nous n'avons pas encore la certitude qu'il y aura un médecin toutes les nuits», a confirmé à La Presse hier Emmanuelle Jourdenais, urgentologue en chef du CHUM. Si la situation ne change pas, la direction pourrait se voir obligée d'appliquer de façon exceptionnelle un plan de contingence et fermer partiellement son service aux patients qui n'y seront pas transportés en ambulance. «On espère ne pas avoir besoin de le faire, mais on le considère», a dit la Dre Jourdenais.

Seuls les cas les plus urgents, dont l'état est trop grave pour qu'ils soient dirigés vers un autre hôpital, seraient alors acceptés. Des médecins d'autres services assureraient leur prise en charge.

«C'est exceptionnel, ce que l'on vit. On a une pénurie qui ne cesse de s'aggraver depuis un an», a relevé Emmanuelle Jourdenais.

Ainsi, cette semaine, il n'y aura chaque jour que quatre urgentologues, au lieu de six, pour assurer le suivi de tous les patients admis aux urgences. Un seul médecin sera de service la nuit.

Dans ces conditions, le délai d'attente sera certainement beaucoup plus long qu'à l'habitude si la fréquentation se maintient. C'est pourquoi l'Hôtel-Dieu a demandé à la population d'éviter ses urgences jusqu'à la fin du mois. On peut notamment trouver secours dans la vingtaine de «cliniques-réseau» qui assurent un service sept jours et sept soirs sur sept.

Les Montréalais n'ont pas à s'inquiéter, assure néanmoins Jean-Pierre Dumesnil, président du comité des usagers du CHUM. «Oui, c'est préoccupant, mais j'ai bon espoir que des médecins se porteront volontaires pour travailler à l'Hôtel-Dieu et éviter la fermeture des urgences.»

Le nouveau ministre de la Santé, Yves Bolduc, rencontrera aujourd'hui l'équipe du CHUM et son directeur par intérim, Serge Leblanc, pour faire le point. «Les problèmes ne relèvent plus d'une question de financement, mais de pénurie de personnel, a indiqué l'attachée de presse du ministre, Marie-Ève Bédard. Nous allons voir comment corriger la situation avec les ressources déjà en place.»