Les femmes diabétiques qui deviennent enceintes courent trois ou quatre fois plus de risques d'accoucher d'un enfant atteint d'anomalies congénitales que les autres femmes, selon une recherche américaine.

L'étude, la plus vaste dans ce domaine, fournit les informations les plus détaillées jamais obtenues sur les types d'anomalies de naissance qui affligent les enfants de mères diabétiques, comme les déficiences cardiaques, l'absence d'un rein ou les malformations de la colonne vertébrale.

Les résultats de l'étude incluent 40 types d'anomalies congénitales qui se sont avérées beaucoup plus fréquentes chez les enfants de mères diabétiques que chez ceux de mères non diabétiques, ou dont le diabète a été diagnostiqué après qu'elles soient devenues enceintes.

La liste des anomalies associées au diabète a surpris les chercheurs. Elle est beaucoup plus longue que ce qu'on croyait, a déclaré Janis Biermann, vice-présidente pour l'éducation et la promotion de la santé de la Fondation March for Dimes, vouée à la prévention des pathologies congénitales.

Des chercheurs des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont dirigé l'étude, qui paraît dans l'American Journal of Obstetrics and Gynecology. Les autorités des CDC ont divulgué ces résultats mercredi.

Les anomalies congénitales touchent un bébé sur 33 nés aux États-Unis, et provoquent environ un cinquième des décès de nourrissons. La cause de la plupart des déficiences congénitales n'est pas connue, mais certains facteurs de risques le sont, incluant l'obésité, l'alcool, le tabac et les infections.

Les médecins connaissent depuis des années la menace que représente le diabète en cas de grossesse. Des recherches antérieures ont mis en lumière les dangers de quantités excessives de glucose, ou de sucre, en circulation dans l'utérus d'une mère diabétique. Des études menées à l'aide de rats et de souris indiquent clairement que l'excès de sucre nuit au développement des tissus foetaux, a déclaré le docteur E. Albert Reece, coauteur de l'étude, et directeur de la recherche sur les anomalies congénitales à la faculté de médecine de l'Université du Maryland.

La nouvelle étude est basée sur les dossiers des naissances survenues entre 1997 et 2003 dans des hôpitaux de dix États américains. Les chercheurs se sont penchés sur 13 000 naissances d'enfants porteurs d'une anomalie majeure, et les ont comparées avec près de 5000 naissances d'enfants en santé, aux mêmes endroits.

On a demandé aux mères si elles avaient eu un diagnostic de diabète avant ou pendant leur grossesse. Selon les chercheurs, celles qui avaient été diagnostiquées pendant leur grossesse avaient un diabète gestationnel - temporaire - ou souffraient d'un diabète qui n'avait pas été détecté jusqu'à ce qu'elles deviennent enceintes.

Les chercheurs ont constaté que dans 93 pour cent des cas de malformations congénitales, le diabète n'était pas en cause.

Environ deux pour cent des bébés porteurs d'une seule anomalie congénitale étaient issus de mères qui avaient le diabète avant leur grossesse. Environ cinq pour cent des enfants porteurs de multiples anomalies étaient issus de mères diabétiques avant la grossesse. Chez les enfants nés en santé, le pourcentage de mères atteintes de diabète pré-gestationnel était beaucoup plus faible.

La recherche a également révélé un vaste éventail de déficiences congénitales, incluant des malformations du coeur, de la colonne vertébrale, des membres et du tube digestif. Le diabète «ne fait pas de discrimination» quant au type d'anomalies congénitales auxquelles il est associé, a commenté le docteur Adolfo Correa, un épidémiologiste des CDC, et chercheur principal pour cette étude.