Vous arrivez à un endroit charmant. Vous l'imaginez à vol d'oiseau, il vous semble encore plus beau. Vous sortez votre appareil photo SatuGO de votre sac, programmez la minuterie pour quelques secondes, et le lancez de toutes vos forces dans les airs.

Tel est le rêve de Mads Ny Larsen, l'un des deux inventeurs danois de cet appareil-concept qui a reçu depuis 2005 plus de 10 000 commandes virtuelles. Aucun fabricant n'a voulu se lancer dans la partie, mais M. Larsen ne désespère pas. Bien qu'il ne travaille plus sur SatuGO, il pense qu'éventuellement le concept se concrétisera grâce à un investisseur courageux.

«Ce qui fait peur, c'est que c'est un appareil photo qu'on lance», explique M. Larsen, joint à Copenhague. «Mais les mécanismes sont devenus tellement simples qu'on peut facilement les rendre résistants aux chocs. Et je crois que ça va ouvrir une avenue totalement nouvelle pour la photographie : le point de vue ne sera pas celui du photographe, mais un emplacement aléatoire. En cette ère où les photographes ont de plus en plus de contrôle sur leur produit, ça réintroduit le hasard dans cet art. Ça le rapprocherait de la mémoire, une faculté dont il est issu, et qui n'est jamais parfaitement contrôlée.»

M. Larsen et son collègue ont eu l'idée de SatuGO durant une fin de semaine à Vienne. «Nous étions à la terrasse d'un café, en train de boire une bière, quand nous nous sommes passionnés pour les efforts d'un groupe de touristes japonais pour trouver un emplacement idéal pour leurs photos. Ils avaient plusieurs appareils photo, un trépied, et discutaient avec animation. Ça nous semblait paradoxal, très loin de la nature, et nous avons commencé à réfléchir tout haut à une manière de réintroduire la magie dans la photographie.»

Peu après leur retour au Danemark, une balle a rebondi aux pieds des deux designers et ils ont eu un moment eurêka. «Nous avons commencé à faire des tests dans un immeuble industriel désaffecté de Copenhague, et nous avons vraiment aimé le résultat.»