Ces dernières années, une foule de vêtements de sport tous plus absorbants les uns que les autres sont apparus dans les magasins. Ils rendent le sport et le plein air plus agréable, en améliorant l'évacuation de la chaleur et en empêchant que la transpiration ne laisse une désagréable impression d'humidité contre la peau.

Tout progrès a ses inconvénients. Les tissus synthétiques, justement parce qu'ils imbibent très bien la sueur, peuvent devenir des terreaux fertiles pour les bactéries du corps humain - et les odeurs qu'elles dégagent. Plusieurs fabricants de tissus et de vêtements sportifs, un marché qui vaut plus de 15 milliards US aux États-Unis seulement, veulent maintenant remédier à ce problème.

Le tisserand américain Milliken va jusqu'à dire «Aucune bactérie. Aucune odeur. Vive la technologie» dans les publicités pour son tissu Visa Endurance. Patagonia incorpore de la poudre de carapace de crabe à certains de ses vêtements portant le sceau Gladiodor. Polartec incorpore depuis belle lurette du tryclosan, un ingrédient des savons antibactériens, à ses sous-vêtements de sport, et a commencé à utiliser de l'argent, une molécule qui est souvent utilisée comme antibactérien dans les milieux médical et militaire. Cocona, un fabricant de tissu du Colorado dont les clients incluent Merrell, incorpore à ses tissus du carbone dérivé d'écorce de coco, alors que Arc'teryx, un fabricant d'équipement d'escalade de Vancouver, tire son carbone de charbon de bambou. Le carbone «activé» capture les odeurs et les relâche durant le lavage.

Cette liste, tirée d'un récent article du Wall Street Journal, ne doit pas faire oublier qu'on ne peut arriver à des miracles. Un spécialiste des tissus de l'Université California, à Davis, a confié au quotidien économique new-yorkais que la technologie ne peut éliminer les odeurs, seulement limiter la distance à laquelle elles voyagent et à laquelle les autres personnes peuvent les sentir. L'efficacité des traitements diminue avec les lavages, quoique seule Patagonia ne l'admette (après 50 lavages).

La Presse a demandé l'avis de Julie, une spécialiste du magasin Baron Sports de la rue Notre-Dame Ouest. «C'est vrai que les tissus synthétiques comme le polypropylène gardent plus longtemps les odeurs. Les tissus naturels comme le bambou ou le soja les gardent moins. Récemment, après deux jours de randonnée, mes sous-vêtements en polypropylène étaient vraiment désagréables. Même le coton revient au goût du jour, le coton organique surtout. Il sèche plus rapidement qu'avant, ce qui permet d'apprécier ses qualités de légèreté. Je ne connais pas tous ces traitements, mais je peux vous assurer qu'il s'agit d'un problème réel avec les tissus synthétiques.»